Touadéra-Macron : quand la Centrafrique ménage le coq français et l’ours russe

Lors d’une rencontre à l’Élysée, les présidents centrafricain et français ont adopté une « feuille de route » pour un « partenariat constructif » et une relance des relations entre les deux pays.

© Damien Glez

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Publié le 18 avril 2024 Lecture : 2 minutes.

Dans les pays d’Afrique francophone, officiels français et « coopérants » russes ne se croisent habituellement pas plus que ne se mélangent l’eau et l’huile. Les autres débarquent quand les uns plient bagage, comme en témoignent les récents évènements induits des putschs sahéliens. Pionnière du partenariat avec les mercenaires de la société paramilitaire Wagner, la Centrafrique pourrait bientôt faire figure de laboratoire d’une certaine cohabitation franco-russe.

Selon le discours officiel clamé par Bangui, le pays entend toujours entretenir son lien avec la France qui fut, elle aussi, synonyme de présence militaire significative. Chéri par le Kremlin, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra ménage donc la chèvre française et le chou russe. Ou plutôt le coq et l’ours. Six mois après un entretien avec Emmanuel Macron, il était au palais de l’Élysée ce 17 avril pour relancer les relations entre les deux pays, sachant que la dernière modification de la Constitution centrafricaine l’autorise à briguer un troisième mandat en 2025.

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Jargon diplomatique

La déclaration commune de ce mercredi ressemble à une déclaration de bonnes intentions, quelque temps après un refroidissement des relations. La France et la République centrafricaine ont endossé « une feuille de route » en vue de mettre en place un « partenariat constructif ». L’objectif est la mise en place du « cadre d’un partenariat constructif qui respecte la souveraineté de l’État afin de contribuer à la stabilité, de renforcer une cohésion nationale aussi large que possible et d’accompagner le développement économique et social » de la Centrafrique. Le tout avec un « mécanisme conjoint de suivi de ces engagements »…

Des mots qui ne mangent pas de pain, mais démontrent que Paris jette moins l’éponge diplomatique qu’au Sahel, en dépit de la montée spectaculaire de l’influence de la Russie en Centrafrique, et ceci depuis 2018.

Les autorités de Bangui considèrent que grâce aux années de partenariat avec Moscou, la Centrafrique n’est plus l’un des lieux les plus dangereux au monde, et que le pays a même évité une guerre fratricide en 2020-2021. Pour le ministre conseiller spécial du président Touadéra, Fidèle Gouandjika, la République centrafricaine a pu « sauver sa démocratie grâce aux soldats russes » mis à disposition, dans le cadre de l’accord de défense russo-centrafricain.

Sur le bilan quinquennal, les rapports des ONG parlent plutôt de répression, d’exactions, de propagande et de pillage des ressources naturelles du pays. La France elle-même s’était émue de campagnes russes de désinformation qui nourrissent le sentiment anti-français dans la région. Des critiques qui ne semblent pas atteindre les deux partenaires russe et centrafricain. Le 26 mars dernier, l’ambassadeur de Russie à Bangui expliquait que les ministères de la Défense des deux pays poursuivaient des négociations relatives à l’installation d’une base de l’armée russe.

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