En Éthiopie, des affrontements entre combattants du Tigré et de l’Amhara font plus de 50 000 déplacés

Plus de 50 000 personnes ont été déplacées depuis le 13 avril par des combats qui ont lieu dans la zone de Raya, une région disputée par ces deux groupes ethniques.

Dans le camp de réfugiés de Kumer, près de Maganan, dans la région éthiopienne d’Amhara, le 29 février 2024. © Michele Spatari / AFP

Dans le camp de réfugiés de Kumer, près de Maganan, dans la région éthiopienne d’Amhara, le 29 février 2024. © Michele Spatari / AFP

Publié le 23 avril 2024 Lecture : 3 minutes.

Plus de 50 000 personnes ont été déplacées par des combats dans une région disputée du nord de l’Éthiopie, a affirmé l’ONU, une dizaine de jours après le début d’affrontements entre des combattants des régions du Tigré et de l’Amhara. Ce regain de violences suscite l’inquiétude internationale. Le 20 avril, plusieurs ambassades en Éthiopie, dont celle de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et des États-Unis, se sont dites « préoccupées par les informations faisant état de violences dans les zones contestées du nord de l’Éthiopie », et ont « appelé à la désescalade et à la protection des civils ».

« Le nombre de déplacés par les affrontements armés dans la ville d’Alamata et les woredas [subdivision administrative] de Raya Alamata, Zata et Ofla depuis les 13 et 14 avril a dépassé les 50 000 personnes », a déclaré l’agence humanitaire de l’ONU (Ocha) dans un rapport publié le 22 avril au soir, citant les autorités locales. Environ 42 000 d’entre eux ont fui vers le sud, notamment autour de la ville de Kobo, et 8 300 vers la localité de Sekota au Nord, détaille l’Ocha, en soulignant que la majorité des personnes déplacées sont « des femmes, des enfants, des jeunes et des personnes âgées ».

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Alamata et les districts voisins se situent dans la zone de Raya, contestée entre les régions du Tigré et de l’Amhara, où des affrontements entre des combattants de ces deux groupes ethniques ont éclaté il y a une dizaine de jours. Rattachées administrativement au Tigré dans les années 1990, les zones de Raya (sud du Tigré) ainsi que celle de Wolkait (ouest du Tigré) sont revendiquées depuis des décennies par l’ethnie amhara.

Le TPLF accusé de « violation de l’accord de Pretoria »

Des milices et « forces spéciales » de la région de l’Amhara y ont pénétré en novembre 2020, quand a éclaté un conflit entre les autorités tigréennes du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) et le gouvernement fédéral, et ont installé leur propre administration. Selon un accord de paix signé entre le gouvernement fédéral et le TPLF en novembre 2022 à Pretoria, les forces amhara devaient s’en retirer.

L’identité exacte des combattants impliqués dans les récents affrontements reste floue. Mercredi 17 avril, les autorités régionales de l’Amhara ont accusé le TPLF de « mener une invasion […] en violation complète de l’accord de Pretoria », demandant que ces forces « quittent rapidement les zones qu’elles contrôlent ».

La veille, le président de l’administration intérimaire du Tigré, Getachew Reda, avait évoqué sur X des « événements dans le sud du Tigré, et d’autres territoires occupés ». Il affirmait qu’ils ne relevaient pas d’un « conflit entre le gouvernement fédéral et l’administration intérimaire/ou le TPLF », ni d’« un conflit entre les administrations du Tigré et de l’Amhara » mais qu’ils étaient l’œuvre « des ennemis tenaces de [l’accord de] Pretoria ».

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État d’urgence

La situation sur place est impossible à vérifier, les autorités fédérales restreignant l’accès à la région. Selon l’Ocha, « au 22 avril, la situation sécuritaire dans les villes d’Alamata, Woldiya et Kobo restait calme à la suite de l’intervention des forces fédérales », mais elle était incertaine dans la partie plus au nord en direction de Sekota.

Si de premières aides humanitaires ont été déployées par le gouvernement fédéral et des ONG locales, « les réponses ne sont pas à la hauteur des besoins croissants », ajoute l’Ocha.

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Les nationalistes amhara sont en conflit avec le gouvernement central depuis l’annonce en avril 2023 par les autorités d’Addis-Abeba de leur volonté démanteler les « forces spéciales », unités paramilitaires illégales mises en place par plusieurs États régionaux d’Éthiopie depuis une quinzaine d’années. Les nationalistes amhara accusent le gouvernement de vouloir affaiblir leur région.

Depuis, des affrontements ont opposés à plusieurs reprises des milices et les « forces spéciales » amhara – qui avaient été un allié précieux de l’armée éthiopienne face aux rebelles tigréens – à l’armée. Face à la multiplication des violences, le gouvernement fédéral a décrété en août 2023 l’état d’urgence.

(Avec AFP)

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