Au Maroc, peine alourdie pour un blogueur condamné pour « diffamation »

Une cour d’appel au Maroc a doublé mardi 23 avril la peine de Mohamed Reda Taoujni, condamné en première instance à deux ans de prison pour « diffamation », sur plainte du ministre de la Justice, pour des publications en lien avec l’affaire « Pablo Escobar du Sahara ».

Le ministre marocain de la Justice Abdellatif Ouahbi. © MOHAMED DRISSI KAMILI POUR JA

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Publié le 24 avril 2024 Lecture : 2 minutes.

Arrêté dans la ville d’Agadir (Sud-Ouest), le youtubeur Mohamed Reda Taoujni avait été condamné le 21 février à deux ans de prison et une amende équivalant à 1 830 euros à la suite de deux plaintes du ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi. Cette peine a été portée mardi en appel à quatre ans de prison assortis de la même amende, a indiqué son avocat Redouane Arabi qui a dénoncé un verdict « très sévère ».

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Le ministre accusait le blogueur de l’avoir diffamé dans deux vidéos qu’il a postées en ligne, s’interrogeant sur ses éventuels liens avec un vaste trafic de drogue, connu comme l’affaire « Escobar du Sahara », après l’arrestation de deux élus de sa formation politique, le Parti authenticité et modernité (PAM), dans le cadre de l’enquête.

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Reconnu coupable de « diffamation »

Membres du PAM qui participe au gouvernement, Saïd Naciri, président du Conseil préfectoral de Casablanca (Ouest) et Abdennabi Biioui, président du Conseil régional de l’Oriental (Est) ont été placés en détention le 22 décembre pour leur implication présumée dans ce trafic. Saïd Naciri est également président du Wydad Casablanca, l’un des plus importants clubs de football d’Afrique. C’est la première fois que deux figures politiques d’un tel rang sont présumées impliquées dans une affaire de drogue d’une telle ampleur au Maroc.

Le blogueur a été condamné après avoir été reconnu coupable d’« outrage à un fonctionnaire public » et de « diffamation », a précisé son avocat, qualifiant la peine de « sévère et inéquitable ». L’enquête concerne au total 25 personnes, dont 20 sont incarcérées. Elles sont soupçonnées notamment de « détention, commercialisation et exportation de drogues » et « corruption », selon le parquet.

Les suspects seraient en lien avec Hadj Ahmed Ben Brahim, un Malien qui purge une peine de dix ans au Maroc pour une affaire de trafic international de stupéfiants. Surnommé le « Pablo Escobar du Sahara », Hadj Ahmed Ben Brahim a été arrêté en 2019 à Casablanca, dans le cadre d’une enquête sur la saisie record de 40 tonnes de résine de cannabis en 2015 dans des camions lui appartenant.

(Avec AFP)

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