La RDC accuse Apple d’utiliser des « minerais du sang »

Dans une mise en demeure, l’État congolais reproche au géant de la tech d’utiliser des minerais stratégiques « exploités illégalement » qui proviendraient de mines où les « droits humains sont violés » par des rebelles.

 © Damien Glez

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Publié le 25 avril 2024 Lecture : 2 minutes.

La multinationale Apple sera-t-elle impressionnée par les courriers que lui a adressés, cette semaine, l’État congolais ? Souvent comparée à un « scandale géologique » en référence à la richesse de son sous-sol, la RDC accuse le groupe américain d’utiliser des minerais « exploités illégalement » dans des « mines congolaises » au sein desquelles « de nombreux droits humains sont violés ». Le géant d’Afrique centrale est notamment le premier producteur mondial de cobalt et le premier producteur africain de cuivre.

Pour le compte de la RDC, des courriers ont été adressés, par les avocats français William Bourdon et Vincent Brengarth, aux deux filiales d’Apple en France et à la maison-mère américaine. Ces lettres posent des questions subsidiaires sur les « minerais 3T utilisés dans les produits Apple ». Ces trois minerais sont le coltan (principale source du tantale), l’étain et le tungstène.

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Certification vs mise en demeure

Les avocats exigent d’Apple une réponse « sous trois semaines », affirmant que « toutes les options judiciaires sont maintenant sur la table ».

Le géant de la tech, qui commercialise notamment l’iPhone et les ordinateurs Mac, affirme respecter un code de conduite irréprochable, notamment vigilant à la certification ITSCI, le programme qui milite pour la traçabilité et le devoir de diligence. Les avocats de la RDC écrivent, eux, que cette certification comporte de « graves dysfonctionnements » que ne devrait pas ignorer Apple.

Arrière-plan géopolitique

Derrière ce bras de fer annoncé entre un État et une multinationale, Kinshasa esquisse la situation sécuritaire dans l’est de son territoire. Si les délits présumés se déroulent effectivement dans des mines évoquées du Nord-Kivu, ce serait du fait des groupes armés qui contrôlent ces sites de minerais. Des populations civiles et notamment des enfants seraient contraints d’y travailler dans des conditions exécrables.

Fidèle à ses allégations contre le Rwanda, l’État congolais accuse son voisin de soutenir des groupes armés comme la rébellion du M23, dans le but de faire main basse justement sur les ressources minières, notamment l’étain et le tantale. Selon les avocats mandatés par la RDC, c’est par le territoire rwandais que les minerais exploités illégalement seraient évacués, par contrebande, puis blanchis, avant d’être fournis au groupe Apple.

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