Guerre à Gaza : après Israël, le Hamas est-il prêt à signer pour un « calme durable » ?

Le mouvement islamiste doit valider la dernière proposition de trêve en date, élaborée par l’Égypte et amendée par Israël. Jusque-là, Tel Aviv refusait de signer un accord de cessez-le-feu permanent.

Des enfants dans un camp de réfugiés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l’Égypte, le 28 avril 2024. © AFP.

Des enfants dans un camp de réfugiés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l’Égypte, le 28 avril 2024. © AFP.

Publié le 29 avril 2024 Lecture : 5 minutes.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas donne ce 29 avril sa réponse à une proposition de trêve dans la guerre avec Israël à Gaza, assiégé et menacé de famine, associée à une libération d’otages. Une réunion tripartite doit avoir lieu au Caire entre l’Égypte, le Qatar et le Hamas dont la délégation sera conduite par Khalil al-Hayya, membre de la branche politique du mouvement pour la bande de Gaza et très impliqué dans les négociations, a indiqué un haut responsable du Hamas sous couvert d’anonymat.

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« L’atmosphère est positive, sauf nouveaux obstacles posés par Israël« , a indiqué un responsable du mouvement islamiste qui a requis l’anonymat. « Aucun problème majeur n’est soulevé dans les observations et demandes que soumettra le Hamas au sujet du contenu de la proposition » lors de cette réunion, a-t-il ajouté. Il s’agit d’une proposition élaborée par l’Égypte et amendée par Israël. Elle avait été présentée en réponse au Hamas qui, à la mi-avril, insistait sur un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, une hypothèse qu’Israël refuse d’envisager.

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Les détails de la proposition israélienne n’ont pas filtré, mais d’après le site d’information américain Axios, qui cite des responsables israéliens, elle inclut la volonté de discuter de « l’établissement d’un calme durable » à Gaza.

La rencontre au Caire intervient près de sept mois après le début de la guerre, déclenchée par l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023. L’Égypte, le Qatar et les États-Unis tentent, jusqu’ici en vain, de convaincre les deux belligérants de cesser les combats. À la fin de novembre, une trêve d’une semaine avait toutefois permis la libération de 80 otages retenus par le Hamas contre 240 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes.

Netanyahou sous pression

La pression interne sur le gouvernement du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, ne cesse de s’accentuer, à l’image d’une nouvelle manifestation, le 27 avril au soir, qui a rassemblé à Tel Aviv des milliers de personnes pour exiger la libération des otages enlevés le 7-Octobre.

Ce jour-là, des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur Israël, entraînant la mort de 1 170 personnes, essentiellement des civils. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens. En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas. Son offensive à Gaza a fait 34 454 morts, majoritairement des civils, selon un nouveau bilan le 28 avril du ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans le territoire.

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Nouvelle tournée au Moyen-Orient du secrétaire d’État américain Blinken

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est attendu cette semaine en Israël, où il s’était rendu pour la dernière fois en mars, ainsi qu’en Jordanie, a annoncé le Département d’État américain le 28 avril. En tournée au Moyen-Orient pour promouvoir une trêve, il est arrivé ce 29 avril en Arabie saoudite, où se tient une réunion spéciale du Forum économique mondial (WEF) au sujet du conflit.

La veille, lors de ce sommet de deux jours rassemblant de hauts dirigeants arabes et occidentaux à Ryad, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Fayçal ben Farhane, a affirmé que « la situation à Gaza est manifestement une catastrophe à tous points de vue, humanitaire, mais aussi un échec total du système politique existant à faire face à la crise ».

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Menace d’une offensive sur Rafah

Invité à l’événement, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a appelé Washington à empêcher l’offensive terrestre qu’Israël affirme préparer contre la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, déjà régulièrement bombardée et où s’entassent un million et demi de Palestiniens, principalement des déplacés. « L’Amérique est le seul pays capable d’empêcher Israël de commettre ce crime », a déclaré Abbas, selon lequel une telle opération, annoncée par les responsables israéliens, serait « le plus grand désastre de l’histoire du peuple palestinien ».

« S’il y a un accord [de trêve], nous suspendrons l’opération à Rafah », a cependant déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, le 27 avril à la chaîne israélienne N12. « La libération des otages est une priorité fondamentale pour nous », a-t-il ajouté. « S’il y a une possibilité de conclure un accord, nous le ferons. »

Dans la nuit du 28 au 29 avril, trois frappes israéliennes à Rafah ont tué 16 personnes, ont indiqué des sources hospitalières. Deux autres frappes ont fait sept morts à Gaza-ville (centre), d’après l’agence de presse officielle palestinienne Wafa. L’armée israélienne a indiqué le 28 avril avoir frappé « des dizaines de cibles terroristes » dans le centre de Gaza.

Un port artificiel pour faciliter l’acheminement d’aide humanitaire

Outre les destructions et le lourd bilan humain, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien où vivent 2,4 millions de personnes. Strictement contrôlée par Israël, l’aide humanitaire entre au compte-gouttes. « Nous devons nous débrouiller avec ce que nous recevons comme aide et conserves », déplore à Rafah Mohamad Sarhan, un déplacé de 48 ans, exprimant le souhait de voir « la guerre s’arrêter et nos souffrances cesser ».

Face aux retards et blocages d’Israël concernant la livraison par voie terrestre d’aide humanitaire à Gaza, le président des États-Unis, Joe Biden, avait annoncé au début de mars la construction d’un port artificiel. La jetée en construction à Gaza devrait permettre d’ici « deux à trois semaines » d’acheminer davantage d’aide mais « rien ne peut remplacer les routes terrestres et les camions qui entrent » à Gaza, a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby le 28 avril.

Lors d’un échange téléphonique le 28 avril, Biden et Netanyahou ont, dans ce domaine, « discuté d’une augmentation de l’acheminement de l’aide humanitaire » à Gaza, « notamment via des préparatifs pour l’ouverture cette semaine de nouveaux points de passage dans le nord » du territoire côtier, selon un communiqué de la Maison-Blanche. Joe Biden a insisté « sur la nécessité de progrès durables et amplifiés en totale coordination avec les organisations humanitaires ».

L’armée israélienne a indiqué le 27 avril que 25 000 camions d’aide humanitaire étaient entrés dans Gaza depuis le 7 octobre. Le bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), avance, lui, le chiffre de 23 000 camions.

En mer Rouge, les forces américaines ont par ailleurs abattu le 28 avril cinq drones aériens qui présentaient une « menace imminente » pour la navigation marchande, d’après le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient. Les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, qui contrôlent de larges pans du Yémen et soutiennent le Hamas, mènent depuis novembre 2023 des attaques contre des navires qu’ils estiment liés à Israël.

(avec AFP)

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