Gaza : le Hamas accuse Israël de vouloir « faire capoter la trêve » en attaquant Rafah

Depuis plusieurs jours, Tsahal a accentué ses bombardements sur la ville située à la frontière entre l’Égypte et le territoire palestinien, dans laquelle se sont réfugiées 1,4 million de personnes.

Des Palestiniens qui ont fui Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, lors de leur arrivée à Khan Yunès, le 12 mai 2024. © AFP.

Des Palestiniens qui ont fui Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, lors de leur arrivée à Khan Yunès, le 12 mai 2024. © AFP.

Publié le 13 mai 2024 Lecture : 4 minutes.

En attaquant Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, veut « faire capoter » les pourparlers sur une trêve et une libération d’otages retenus à Gaza, a accusé le 12 mai le Hamas. Le mouvement islamiste avait affirmé avoir accepté une proposition des médiateurs – Égypte, Qatar, États-Unis – sur une trêve, mais Israël avait répondu que la proposition acceptée était « loin de [ses] exigences ».

Le patron de l’ONU, António Guterres, a appelé de nouveau à un cessez-le-feu et à la libération des otages, lors d’une conférence à Koweït, où des donateurs se sont engagés à verser plus de 2 milliards de dollars sur deux ans pour les opérations humanitaires à Gaza.

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Les frappes israéliennes se multiplient tôt ce 13 mai dans la bande de Gaza alors qu’Israël se prépare à célébrer « sans paix » son anniversaire, assombri cette année par plus de sept mois de guerre contre le Hamas. Aux premières heures après minuit, des équipes de l’AFP ont fait état de frappes dans différents secteurs de Gaza, où, selon l’ONU, il n’y a plus « d’endroit sûr » pour les quelque 2,4 millions d’habitants.

Les frappes visaient en particulier la ville de Rafah, peuplée à elle seule par 1,4 million de Palestiniens, en majorité déplacés par les bombardements et les combats. Faisant fi des mises en garde américaine et européenne qui craignent de nombreuses victimes civiles, Benyamin Netanyahou, veut lancer une vaste offensive terrestre à Rafah qu’il considère comme le dernier bastion du Hamas. Au cours de la dernière semaine, les forces israéliennes ont appelé la population dans l’est de Rafah à quitter la ville et mené sur place des opérations « ciblées » contre le mouvement islamiste.

Une vaste opération sur Rafah risquerait de créer le « chaos », « l’anarchie » et « d’énormes dégâts » pour la population civile « sans résoudre le problème du Hamas, a encore prévenu le 12 mai le secrétaire d’État américain, Antony Blinken. « Il restera toujours des milliers de membres armés du Hamas », même après une opération à Rafah, d’autant que le mouvement islamiste armé est « revenu dans les zones qu’Israël a libérées dans le nord, même à Khan Younès », a ajouté Blinken dans un entretien à la chaîne NBC.

Tsahal et les déplacements forcés

À pied, à bord de véhicules ou des triporteurs, des Palestiniens continuent de fuir des secteurs de Rafah pour tenter de trouver refuge ailleurs dans le territoire palestinien. « Nous avons vécu l’enfer pendant trois jours et les pires nuits depuis le début de la guerre », a raconté Mohammed Hamad, 24 ans, qui fait partie des 300 000 Palestiniens qui, selon Israël, ont fui les zones de l’est de Rafah visées par les bombardements après les ordres d’évacuation de l’armée. La branche armée du Hamas a elle revendiqué des tirs d’obus sur des soldats et des véhicules israéliens près du passage de Rafah.

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« Les autorités israéliennes continuent d’émettre des ordres de déplacement forcé (…) Cela oblige les habitants de Rafah à fuir n’importe où », a écrit sur X (anciennement Twitter) le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini. « Parler de zones sûres est faux et trompeur. Aucun endroit n’est sûr à Gaza », a-t-il dit.

L’Égypte veut s’associer à l’Afrique du Sud devant la CIJ

L’Égypte, hostile à une opération à Rafah, a elle dit vouloir s’associer à l’Afrique du Sud dans sa demande à la Cour internationale de justice (CIJ) d’imposer de nouvelles mesures d’urgence à Israël, compte tenu de « l’étendue des attaques israéliennes contre les civils palestiniens » en riposte au 7-Octobre.

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Ce jour-là, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël avaient lancé une attaque qui a fait plus de 1 170 morts, majoritairement des civils, alors que plus de 250 personnes ont été enlevées durant l’attaque, dont 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l’armée.

Dès après cette attaque, Israël a lancé une vaste opération à Gaza qui a provoqué une catastrophe humanitaire et un lourd bilan humain : 35 034 de morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas. L’armée israélienne a déploré la perte de 272 de ses soldats dans la campagne militaire à Gaza.

Commémoration de la Nakba

Après avoir retenti une première fois dimanche soir, les sirènes doivent à nouveau résonner lundi à 11 h locales (08 h GMT), pour marquer le début des commémorations annuelles pour les soldats tombés pour la défense du pays et les victimes d’attentats, à la veille de son 76e anniversaire assombri par la guerre à Gaza. Elles seront suivies d’une série de cérémonies dans les cimetières militaires d’Israël.

Le recueillement cédera la place dans la soirée de lundi à mardi aux célébrations marquant le jour de l’Indépendance, anniversaire de la proclamation de l’État d’Israël le 14 mai 1948. Une partie des festivités a été annulée cette année en raison de la guerre.

« Ce soir, nous n’avons ni paix ni silence » dans nos cœurs, a déclaré le président Isaac Herzog lors d’une cérémonie au mur des Lamentations, à Jérusalem. À ses côtés, le chef de l’armée, Herzi Halevi, a déclaré porter « la responsabilité de l’échec de notre mission de protection des citoyens de l’Etat d’Israël le 7 octobre.

Le 15 mai, les Palestiniens doivent commémorer de leur coté la Nakba, la « Catastrophe » qu’a été pour eux la création d’Israël.

(avec AFP)

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