Quand l’Égypte vend ses sites touristiques aux pays du Golfe

Après la vente de la péninsule de Ras El-Hekma aux Émirats arabes unis, la station balnéaire égyptienne de Ras Ghamila pourrait à son tour être cédée à l’Arabie Saoudite. L’Égypte brade-t-elle ses territoires ?

© Damien Glez

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Publié le 17 mai 2024 Lecture : 2 minutes.

Bien moins florissante que par le passé, l’économie touristique semble ne plus être la priorité de l’Égypte. Le gouvernement serait en effet en train d’étudier très sérieusement une offre d’achat de la station balnéaire de Ras Ghamila. Selon le site d’actualité panarabe Middle East Eye, c’est l’Arabie Saoudite qui aurait mis plus de 10 milliards de dollars sur la table. La station bénéficie d’une localisation touristique idéale, à 12 km seulement de l’aéroport de Charm el-Cheikh. Sa position géographique offrirait même des atouts spécifiques au royaume saoudien…

Située à la pointe du Sinaï, Ras Ghamila fait face à Neom, le projet de ville futuriste du fantasque prince héritier Mohammed Ben Salman, dans la province de Tabuk du nord-ouest de l’Arabie saoudite. D’un point de vue encore plus géopolitique, la station balnéaire est située à l’embouchure du golfe d’Aqaba où se trouve le port d’Eilat, seul point d’accès maritime d’Israël en dehors de la Méditerranée…

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Cessions récurrentes de patrimoine touristique

En février déjà, l’Égypte avait vendu, pour 35 milliards de dollars, la péninsule de Ras El-Hekma, célèbre pour ses zones de plongée et de randonnée palmée en mer Méditerranée. C’est un autre pays du Golfe qui en avait fait l’acquisition : les Émirats arabes unis.

Et lorsque l’Égypte ne cède pas des portions de son territoire, ce sont des infrastructures touristiques prestigieuses qu’elle vend. Pour 800 millions de dollars, les mêmes Émirats arabes unis se sont offert six grands hôtels, dont le Mena House situé au pied des pyramides, le Winter palace de Louxor et le Old Cataract d’Assouan.

Besoin de liquidités

La cession de tels joyaux touristiques peut paraître étrange à ceux qui n’ont pas conscience du niveau d’endettement de l’Égypte et de l’ampleur des projets pharaoniques du régime d’Abdel Fattah al-Sissi. Le maréchal a par exemple promis la construction d’Al-Masa, une capitale nouvelle dont les travaux devraient coûter près de 50 milliards de dollars.

Or, le tourisme n’a jamais retrouvé son niveau d’avant les printemps arabes et d’avant la pandémie de Covid. De même, les contributions financières du canal de Suez souffriraient des récurrentes attaques des rebelles houtis en mer Rouge, depuis le début de l’offensive israélienne contre le Hamas.

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Si l’on ajoute le soutien à une monnaie surévaluée et le poids des dépenses du régime en matière d’armement – l’Égypte est actuellement la première puissance militaire d’Afrique -, la dette extérieure du pays aurait été multipliée par quatre en une décennie. Elle s’élèverait aujourd’hui à plus de 168 milliards de dollars. Les économistes sont inquiets de l’état de santé de l’économie égyptienne, et brader des portions de territoire ne constitue guère des solutions durables.

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