Crédits carbone : comment l’Afrique peut (enfin) profiter de son vrai potentiel

Instruments de lutte contre le changement climatique, les crédits carbone représentent aussi une source de financement potentielle pour le continent. Manque de régulation, faible transparence, risque pour la souveraineté des États… Les chantiers sont cependant nombreux. Paul Muthaura, CEO de l’Initiative des marchés carbone en Afrique (ACMI), nous livre ses analyses en vidéo.

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Publié le 30 mai 2024 Lecture : 2 minutes.

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Africa CEO Forum 2024 : Dangote, Ruto, Sangster, Okosi… Tous nos entretiens en vidéo

Climat, IA, mines, finances… Comment l’Afrique peut-elle mieux peser sur la scène internationale ? Plus de 2 500 décideurs politiques et économiques se sont rassemblés à Kigali, les 16 et 17 mai 2024, pour l’Africa CEO Forum. Parce qu’il est nécessaire de faire vivre ces riches débats, nous vous proposons de retrouver tous nos entretiens en vidéo.

Sommaire

Comment l’Afrique peut-elle profiter pleinement de l’opportunité que représentent les crédits carbone pour son développement ? Tout à la fois levier de lutte contre le réchauffement climatique et outil de financement du développement, le système des crédits carbone fait aussi l’objet de nombreuses critiques.

L’absence de régulation du marché dit volontaire conduit à de nombreux scandales et prive les pays du continent d’une partie non négligeable des ressources financières auxquelles ils pourraient prétendre. La disparité des cours du crédit carbone sur le marché international est par ailleurs abyssale, et très largement en défaveur du continent. Un chiffre suffit à le prouver : le prix moyen d’une tonne de carbone – qui correspond à un crédit carbone – est d’environ 10 dollars américains en Afrique, quand il est de 80 à 90 dollars en Europe et de 140 dollars aux États-Unis.

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Au cours de l’année 2023, plusieurs controverses ont également mis en lumière un autre risque : celui de la perte d’une part de la souveraineté des États, qui concèdent de vastes portions de leurs territoires à des entreprises privées qui spéculent sur la production de crédits carbone. Le cas le plus emblématique étant, sans conteste, celui du Liberia, où la société Blue Carbon LLC, une entreprise basée à Dubaï et fondée par un membre de la famille royale émiratie, a acquis pour une période de 30 ans les droits exclusifs sur pas moins d’un million d’hectares de forêts du pays… Soit 10 % de la surface nationale totale.

Défendre les crédits carbone africains

Autant de sujets cruciaux au cœur de la réflexion – et de l’action – du Kényan Paul Muthaura, à la tête de l’Africa Carbon Markets Initiative (ACMI). L’organisme qu’il dirige, lancé lors de la COP27 qui s’est tenue en Égypte en novembre 2022, se donne pour mission de « défendre les crédits carbone africains » en conseillant les gouvernements et en faisant un travail de lobbying auprès des acteurs du marché international.

Invité de l’Africa CEO Forum*, qui s’est tenu à Kigali les 16 et 17 mai 2024, Paul Muthaura a accordé un entretien en vidéo à Jeune Afrique. Ancien consultant spécialisé dans les marchés émergents au sein de l’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV), ancien directeur général de l’Autorité des marchés de capitaux du Kenya, il a été nommé CEO de l’ACMI en juillet 2023. Il nous livre tout à la fois ses analyses et les stratégies qu’il préconise pour rééquilibrer et mieux réguler ce marché si particulier et en améliorer la transparence tout en garantissant la préservation de la souveraineté des États et en évitant les écueils du « greenwashing ».

* L’Africa CEO Forum est un évènement organisé par Jeune Afrique Media Group.

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