L’énergie nucléaire en Afrique, un bluff russe ?

Algérie, Kenya, Maroc, Rwanda… ces dix dernières années, la Russie a multiplié les partenariats nucléaires sur le continent. Mais que valent-ils vraiment ?

Rencontre entre Vladimir Poutine, le président russe, et son homologue camerounais, Paul Biya, lors du deuxième sommet Russie-Afrique, à Saint-Pétersbourg, le 28 juillet 2023. © Alexander Ryumin / TASS / AFP

Rencontre entre Vladimir Poutine, le président russe, et son homologue camerounais, Paul Biya, lors du deuxième sommet Russie-Afrique, à Saint-Pétersbourg, le 28 juillet 2023. © Alexander Ryumin / TASS / AFP

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Publié le 31 mai 2024 Lecture : 2 minutes.

N’étant pas intermittente, contrairement au solaire et à l’éolien, et n’émettant pas de gaz à effet de serre, l’énergie nucléaire paraît être une option séduisante pour l’Afrique, où 600 millions d’habitants n’ont pas encore accès à l’électricité. « L’énergie nucléaire offre l’opportunité de construire un monde plus propre et plus équitable, dans lequel chacun a accès à une énergie propre, abondante et abordable, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et à une qualité de vie élevée. Une énergie nucléaire propre, abordable et fiable peut constituer un élément crucial du mix énergétique de l’Afrique », estime auprès de Jeune Afrique l’Association nucléaire mondiale (World nuclear association, WNA).

Le continent a d’autant plus de raison de s’y intéresser que l’atome revient désormais en grâce dans le monde entier. Si bien que la Banque mondiale, dont le seul et unique financement d’un projet nucléaire remonte à 1959, étudie à nouveau la question. « Jusqu’à récemment, le nucléaire était un non-sujet pour l’institution, qui n’était aucunement impliquée dedans et n’envisageait pas de l’être. Mais compte tenu de l’évolution des choses en termes de besoin de décarbonation, et de l’évolution des gouvernements et des opinions publiques sur le sujet, le groupe de la Banque mondiale travaille dessus », confie à Jeune Afrique une source proche du dossier.

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18 GW d’ici à 2040 ?

Depuis dix ans, de nombreux pays africains ont ainsi fait part de leur souhait de produire de l’électricité à partir de l’énergie nucléaire. Parmi eux : l’Algérie, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Mali, le Maroc, le Niger, le Nigeria, la Namibie, l’Ouganda, le Rwanda, le Sénégal, le Soudan, la Tanzanie, la Tunisie, ou encore la Zambie. Tous, au gré de leurs alliances – et mésalliances –, ont jeté leur dévolu sur le russe Rosatom et, à très moindre échelle, sur la China National Nuclear Corporation (CNNC).

Sur la foi des « plans » annoncés par ces États, l’Association nucléaire mondiale estime que l’Afrique pourrait disposer de 18 gigawatts électriques (GWe) d’énergie nucléaire d’ici « à 2040 ». Mais, à ce jour, à l’exception de l’Afrique du Sud, où deux réacteurs sont en service à la centrale de Koeberg, et de l’Égypte, où quatre réacteurs sont en construction par Rosatom à la centrale d’El Dabaa, aucun projet n’a encore abouti.

« Je comprends que l’objectif de la plupart de ces types d’accords entre les organisations nucléaires et les pays africains est de soutenir le partage et l’échange d’informations, la mise en réseau, le renforcement des capacités et la formation », réagit Sama Bilbao y León, directrice générale de la WNA.

Autorité de régulation, taille et qualité du réseau de transport et de distribution électrique, capacité de financement… Il faut dire que de nombreux obstacles – dont certains structurels – se dressent encore devant la réalisation d’un tel projet. En attendant, Moscou – surveillé du coin de l’œil par Pékin – continue d’avancer ses pions pour tenter de remporter cette bataille du futur.

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Dans cette série en deux épisodes, Jeune Afrique met le projecteur sur les enjeux autour de ces annonces et leur degré de crédibilité.

Les épisodes de notre série

Nucléaire russe : pourquoi l’atome africain n’est pas pour demain

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Russie et Chine, les deux camps de la bataille du nucléaire africain

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