Adelali Hassani Cherif, le candidat du camp islamiste à la présidentielle algérienne

Arrivé à la tête du Mouvement pour la société et la paix en 2023, pour succéder au charismatique Abderrezek Makri, Adelali Hassani sait que le scrutin présidentiel de cette année est presque joué d’avance. Mais il espère positionner son camp pour les législatives qui suivront.

Abdelali Hassani Cherif, président du  MSP et candidat à l’élection présidentielle de septembre 2024. © DR

Abdelali Hassani Cherif, président du MSP et candidat à l’élection présidentielle de septembre 2024. © DR

Publié le 11 juin 2024 Lecture : 4 minutes.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune. © Billel Bensalem / APP/NurPhoto via AFP.
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Présidentielle en Algérie : qui face à Abdelmadjid Tebboune ?

L’élection algérienne, avancée au 7 septembre, devrait logiquement se solder par une victoire du chef de l’État sortant et de son « Algérie nouvelle ». En dépit de ce faible suspense, les candidats et candidates ne manquent pas, et dénoncent les conditions de la campagne et les restrictions de liberté à l’encontre de l’opposition.

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Il n’a pas l’habit d’un candidat. Mais lorsque, le 25 mai dernier, le Conseil national de son mouvement a porté son choix sur lui, il a tout de même accepté de tenter sa chance. C’est donc lui, Adelali Hassani Cherif, président du Mouvement pour la société et la paix (MSP), qui devrait être l’unique candidat islamiste au scrutin présidentiel du 7 septembre prochain.

Fondé en 1990, le MSP, proche des Frères musulmans et se définissant comme modéré, n’a jusqu’à présent présenté un postulant à la magistrature suprême qu’à deux reprises. En 1995 d’abord, où son fondateur et chef spirituel Mahfoud Nahnah a récolté un score de 26,6 %. En 1999, le même a été éliminé de la course à la présidence faute d’avoir pu produire une attestation officielle prouvant sa participation à la guerre de libération nationale, comme l’exigeait la loi électorale de l’époque.

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À la suite du déclin de son influence sur le jeu politique, le MSP s’était rapproché du régime en soutenant la candidature de l’ancien chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika, et faisait partie de l’Alliance partisane constituée autour de lui, avant de s’en éloigner en 2012. Par la suite, il avait boycotté les élections présidentielles de 2014 et 2019, protestant contre le quatrième et le cinquième mandat.

Changement de tactique

Changement de tactique en 2024 : cette fois, le principal parti islamiste légal s’apprête à mener campagne. En plein mois d’août, et avec un candidat qui n’était guère un poids lourd du MSP avant d’hériter de sa présidence en mars 2023, succédant au charismatique Abderrezek Makri.

Ce dernier – qui se considérait d’ailleurs comme le plus apte à mener son parti vers la victoire – a, dès l’annonce de la désignation d’Adelali Hassani Cherif – dénoncé dans un post sur les réseaux sociaux le choix du conseil consultatif du parti. Un choix qu’il qualifie d’ « organique » et dont il estime qu’il ne découle pas d’une « concurrence politique ». Une prise de distance très nette avec le candidat désigné qui était pourtant, jusque-là, affirme un cadre du MSP, son homme de confiance.

C’est d’ailleurs à Hassani Abdelali, révèle la même source, que l’ancien président du MSP confiait la mission d’intervenir sur les plateaux de télévision pour commenter l’actualité politique et promouvoir la position de la formation politique.

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Le chef du MSP, et désormais candidat de la mouvance islamiste, est un technocrate de 64 ans qui était, jusqu’à son élection à la tête du mouvement, responsable de l’organisation et de la numérisation. S’il n’a pas la carrure de ses prédécesseurs, il aura derrière lui, assure-t-on au MSP, « les structures du parti, avec une machine électorale qui a fait ses preuves ». Avec 65 sièges, la formation politique d’Abdelali Hassani représente aujourd’hui la troisième force politique à l’Assemblée nationale, derrière le Front de libération nationale et les indépendants.

Une mouvance islamiste divisée

Le candidat bénéficie aussi du précieux soutien du mouvement Ennahda, alors que la mouvance islamiste algérienne avance divisée vers la présidentielle de septembre : le Mouvement El-Bina d’Abdelkader Bengrina, en effet, a opté de son côté pour un soutien au président Abdelmadjid Tebboune, mobilisant de surcroit dix micro-partis politiques.

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Ensemble, le MSP et Ennahda espèrent malgré tout remobiliser leur base. Pas pour remporter un scrutin présidentiel qui semble joué d’avance, mais pour mieux se positionner en vue des prochaines législatives.

Les détails du programme du candidat du MSP ne sont pas encore dévoilés, mais lors de ses interventions, Abdelali Hassani parle beaucoup de réformes économiques et institutionnelles et jamais de la charia. Finies, en public, les références à la religion. L’islam, estime le candidat, doit se tenir éloigné de la politique.

Pour l’heure, il tente avant tout, dit-il, de créer les conditions d’une élection transparente qui garantirait une alternance pacifique. Le candidat réclame notamment une modernisation de l’action de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) et un amendement de la loi électorale qui permettrait d’alléger les démarches administratives. Abdelali Hassani déclare aussi qu’il « faut ouvrir le débat et laisser les idées et les programmes s’affronter ».

Du côté des handicaps, la candidature du chef du MSP souffre clairement du son manque d’expérience, ainsi que de la ligne politique clivante du parti. D’autant que si le MSP se revendique de l’opposition, il entretient une proximité troublante avec le régime. Moins de trois mois après son élection à la tête du parti en mars 2023, Abdelali Hassani Cherif a demandé – et obtenu – audience auprès du président Tebboune, puis à nouveau au mois de novembre de la même année.

À l’issue de chacune de ces entrevues, le candidat a déclaré approuver la politique étrangère du pays et soutenir la démarche de constitution d’un « front national contre la menace extérieure » sans émettre la moindre critique sur le mandat du président. À ceux qui, le lui reprochent, il assure qu’il ne faut voir dans ces déclarations aucun signe de changement de cap de sa formation politique. « Il est des points de vue que l’on partage avec le pouvoir s’agissant de certaines questions, assure-t-il. Nous sommes dans l’opposition positive. »

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