Stevie Wonder ghanéen : une success story pour Accra

L’obtention de la citoyenneté ghanéenne par le chanteur témoigne du succès des efforts déployés par Accra pour se positionner comme la principale destination des membres de la diaspora africaine qui cherchent à renouer avec leur héritage.

Stevie Wonder et le président ghanéen Nana Akufo-Addo à Accra, le 13 mai 2024. © Facebook Interior Minister of Ghana

Stevie Wonder et le président ghanéen Nana Akufo-Addo à Accra, le 13 mai 2024. © Facebook Interior Minister of Ghana

Publié le 10 juin 2024 Lecture : 4 minutes.

Citoyen ghanéen depuis le 13 mai dernier, Stevie Wonder entretient un lien profond et ancien avec ce pays. Déjà en 1994, il avait présidé le Festival panafricain de théâtre historique (Panafest), pensé comme un moyen d’unir les Africains du continent et de la diaspora autour des questions de l’esclavage et de l’émancipation. Depuis, il cherchait à faire du Ghana son lieu de résidence permanent.

« Sa citoyenneté va inspirer beaucoup d’autres stars de la diaspora et de personnes d’origine africaine qui voudront s’unir à la grande famille africaine », estime Kojo Yankah, fondateur du musée du patrimoine panafricain. « Son amour pour le Ghana s’est accru au fil des ans et il se disait ghanéen depuis de nombreuses années. J’espère qu’il fusionnera ses expériences musicales et culturelles aux États-Unis avec la culture africaine », ajoute-t-il.

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Le 13 mai, la légende de la musique a été accueillie en grande pompe à l’aéroport international de Kotoka, par des représentants de l’État et des personnalités de l’industrie du divertissement. Stevie Wonder a ensuite prêté serment d’allégeance à la Jubilee House d’Accra pour devenir citoyen ghanéen, trois ans après avoir pris publiquement la décision de s’installer définitivement au Ghana.

Cet événement montre que la stratégie du Ghana visant à attirer des Africains de renommée mondiale au sein de la diaspora porte ses fruits, grâce au travail du bureau des affaires de la diaspora à la présidence et le secrétariat “Beyond the Return” (Au-delà du retour). « Une personne aussi éminente et respectée que Stevie Wonder encouragera la famille mondiale à venir en Afrique, au Ghana et, espérons-le, à demander la citoyenneté », espère Annabelle McKenzie, directrice du secrétariat “Beyond the Return”.

Lien profond avec le continent

« Sa décision de devenir citoyen ghanéen témoigne de son profond respect et de son admiration pour l’histoire, la culture et les valeurs de notre pays », a déclaré le président Nana Akufo-Addo lors de la cérémonie qui s’est tenue à Accra. « En lui conférant la citoyenneté ghanéenne, nous ne reconnaissons pas seulement son immense talent et ses réalisations, mais aussi son lien profond avec le continent africain et ses efforts inlassables pour promouvoir l’unité, la solidarité et les échanges culturels entre tous les peuples d’ascendance africaine », a-t-il ajouté.

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Avec ses 25 Grammy Awards et ses 100 millions de disques vendus dans le monde, Stevie Wonder rejoint une liste d’icônes mondiales telles que l’écrivain W.E.B Du Bois, Rita Marley, Maya Angelou et George Padmore qui sont devenues des citoyens ghanéens et ont élu domicile dans le pays. « En tant que citoyen ghanéen, je m’engage à participer à la réalisation du rêve que nous avons depuis tant d’années, à savoir rassembler les Africains et les membres de la diaspora », a-t-il déclaré.

Le Ghana s’appuie sur le succès de sa campagne 2019 “Année du retour”, qui visait à inciter les membres de la diaspora à revenir pour renouer avec leurs racines, investir au Ghana et contribuer à son développement. On estime que cette campagne d’un an a rapporté 1 milliard de dollars grâce au 1,5 million de touristes, parmi lesquels des chefs d’entreprise et des célébrités afro-américaines de premier plan comme Steve Harvey, Naomi Campbell, Cardi B, Akon, Boris Kodjoe, Michael Blackson et Idris Elba.

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Cet afflux a favorisé l’approfondissement des liens économiques et culturels grâce à des actions comme celle du célèbre acteur et comédien américain Michael Blackson a construit un complexe scolaire au Ghana qui offre un enseignement gratuit aux élèves de la région centrale.

Ne pas se reposer sur ses lauriers

Kojo Yankah met toutefois en garde : « Il ne faut pas attendre trop d’eux. À nous de mettre à leur disposition un moyen de raconter leur histoire aux Africains. Nous ne devrions pas les considérer comme un moyen de gagner de l’argent », explique-t-il. « Ce sont des gens qui ont perdu leur culture, leur nom et leur identité mais qui ont survécu. Je suis plus intéressé par le fait qu’ils partagent leurs expériences et construisent ensemble. Nous voulons qu’il [Stevie Wonder] rencontre des musiciens ghanéens, qu’il organise des ateliers et qu’il étudie les possibilités de fusion de nos musiques respectives », ajoute-t-il.

Selon Annabelle McKenzie, l’objectif est de consolider la place d’Accra dans le cœur des Africains de la diaspora afin de continuer à les attirer chez eux et de favoriser leur intégration dans la société. « Nous voulons qu’ils soient totalement immergés dans la culture ghanéenne et qu’ils aient des échanges culturels avec ceux qui vivent ici. Depuis le lancement de l’Année du retour, nous avons élaboré des programmes et des initiatives visant à faciliter la transition des membres de la diaspora au Ghana, notamment aux États-Unis et dans les Caraïbes. »

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