Au Kenya, Uhuru Kenyatta accuse William Ruto de lui couper les vivres

L’ancien président kényan se plaint de ne pas avoir reçu les traites prévues par la loi pour faire fonctionner son bureau, entretenir ses voitures et payer ses employés.

Le président kényan d’alors Uhuru Kenyatta, à gauche, et son vice-président William Ruto, à droite, à la State House de Nairobi, le jeudi 21 septembre 2017. © Khalil Senosi/AP/SIPA

Le président kényan d’alors Uhuru Kenyatta, à gauche, et son vice-président William Ruto, à droite, à la State House de Nairobi, le jeudi 21 septembre 2017. © Khalil Senosi/AP/SIPA

Publié le 11 juin 2024 Lecture : 2 minutes.

C’est par l’intermédiaire de celle qui fut sa porte-parole quand il était au pouvoir, de 2013 à 2022, que l’ancien président du Kenya Uhuru Kenyatta a fait savoir que le gouvernement le laissait sans le sou. Depuis septembre 2022, a affirmé Kanze Dena, son bureau n’a reçu que 200 000 euros sur les 4,6 millions que lui a alloués le Parlement pour l’exercice 2022/2023. Et il attend toujours les fonds pour l’exercice 2023/2024 qui se termine le 13 juin et pour lequel 3,5 millions d’euros auraient dû lui être versés.

Deux ans sans recevoir de salaire

Depuis 2003, une loi encadre les salaires, traitements et autres avantages que perçoivent les anciens chefs d’État, notamment une trentaine d’employés, des voitures de luxe, une couverture d’assurance maladie illimitée et une indemnité de voyage à l’international pouvant aller jusqu’à quatre voyages par an.

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Sa porte-parole a précisé qu’Uhuru Kenyatta a été contraint d’utiliser son argent personnel pour faire fonctionner le bureau. « Depuis son départ à la retraite, il n’a reçu que 4,4 % du budget total qui lui a été alloué. Au total, le gouvernement lui doit encore 1 milliard de shillings [7,1 millions d’euros] », a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que l’argent reçu jusque-là avait notamment été utilisé pour régler les frais occasionnés par des voyages intérieurs et pour financer deux déplacements en Éthiopie et au Burundi dans le cadre d’une médiation en Éthiopie et en RDC.

Par ailleurs, elle a ajouté que la situation a contraint les employés du bureau de Kenyatta à rester plus de deux ans sans recevoir de salaire, ajoutant que leurs contrats ont été annulés.

Dans un geste interprété comme le signe d’une détérioration des relations entre Uhuru et le président William Ruto, l’ancien chef d’État s’est également vu refuser de nouvelles voitures, alors qu’elles étaient prévues par la loi. En mars de l’année dernière, l’État a gelé les cartes de carburant de toutes les véhicules alloués à Kenyatta et à sa mère, Mama Ngina Kenyatta. Celle-ci était l’épouse du premier président du Kenya et père d’Uhuru, Jomo Kenyatta.

« Jeu de représailles »

L’intervention de Kanze Dena constitue une réponse aux commentaires du porte-parole du gouvernement, Isaac Mwaura, qui avait affirmé qu’Uhuru Kenyatta avait bien reçu ses indemnités, comme il se doit pour un chef d’État à la retraite. Kanze Dena a effectivement confirmé que Kenyatta avait reçu une gratification forfaitaire de 340 000 euros, mais qu’il s’agissait des droits constitutionnels pour tout fonctionnaire à la retraite.

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L’analyste politique Bitugi Matundura voit dans cette querelle par porte-parole interposés « une revanche » de Ruto contre Kenyatta qui avait, en son temps, utilisé le Parlement pour voter des coupes budgétaires contre… William Ruto, son vice-président. « C’est un jeu de représailles, et ce n’est pas bon en ce moment », a-t-il déclaré, estimant que les deux anciens alliés ne se sont pas encore réconciliés après la dispute qui les a opposés lors des élections générales de 2022.

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