Gaza : après la tournée de Blinken, Israël, dernier obstacle à une trêve

En pleine visite du secrétaire d’État américain, le Hamas a annoncé avoir remis au Qatar et à l’Égypte sa réponse au plan annoncé le 31 mai par le président Joe Biden. Mais Tsahal continue de bombarder sans relâche la bande de Gaza.

Des déplacés palestiniens se tiennent à la fenêtre d’un bâtiment endommagé par des frappes israéliennes, dans un camp de refugié à al-Bureji, dans le centre de la bande de Gaza, le 12 juin 2024. © Eyad BABA / AFP.

Des déplacés palestiniens se tiennent à la fenêtre d’un bâtiment endommagé par des frappes israéliennes, dans un camp de refugié à al-Bureji, dans le centre de la bande de Gaza, le 12 juin 2024. © Eyad BABA / AFP.

Publié le 13 juin 2024 Lecture : 4 minutes.

L’armée israélienne pilonne encore ce 13 juin le sud de la bande de Gaza après une tournée au Moyen-Orient du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken qui cherche à arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Une équipe de l’AFP a fait état aux premières heures d’intenses tirs d’artillerie et de frappes par des hélicoptères israéliens dans le secteur de Rafah, à la pointe sud du territoire, près de la frontière avec l’Egypte.

La veille, le Hezbollah libanais, allié du Hamas, a lancé une pluie de roquettes sur le nord d’Israël et promis d’intensifier ses attaques pour venger la mort d’un haut commandant militaire tué le 11 juin dans une frappe ciblée israélienne sur le sud du Liban. Tôt ce 13 juin, les sirènes d’alarme antiroquettes retentissaient toujours dans le nord d’Israël, selon l’armée. Et au Yémen, les rebelles Houthis, alliés aussi du Hamas palestinien, ont revendiqué une attaque qui a endommagé en mer Rouge un vraquier grec soupçonné selon eux de liens avec Israël.

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Concluant à Doha une tournée dans quatre pays de la région, dont Israël, Blinken a affirmé que son pays travaillerait avec les autres pays médiateurs – Qatar et Égypte -, afin de parvenir à un accord de cessez-le-feu. « Plus [la guerre] dure, plus les gens souffriront, et il est temps de cesser les marchandages », a-t-il dit.

Le Hamas prêt à accepter sous conditions le plan des États-Unis

Le 12 juin, le Hamas a annoncé avoir remis au Qatar et à l’Égypte sa réponse au plan annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden. Ce plan prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages retenus à Gaza depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, et de la libération de Palestiniens emprisonnés par Israël. Selon une source proche des discussions, la réponse du Hamas contient des « amendements » au plan annoncé par Joe Biden, « notamment un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait total des troupes israéliennes de Gaza ».

« Le Hamas ne voit-il pas que nous sommes fatigués ? Nous sommes morts, détruits […] La guerre doit cesser à n’importe quel prix. Nous n’en pouvons plus », a lancé à l’AFP Abou Chaker, un habitant de Gaza-Ville, dans le nord du territoire assiégé par l’armée israélienne. « Assez ! Nous sommes exténués ! Chaque jour, nous sommes forcés à nous déplacer. Nos enfants sont privés de nourriture et d’eau », s’est écrié Ezzedine al-Belbissi du camp de Bureij (centre).

Le contenu de la réponse du Hamas n’a pas été révélé, mais Blinken a déclaré à Doha que « certains changements » réclamés par le Hamas étaient « réalisables, d’autres pas ». « Je pense que ce fossé peut être comblé », a-t-il ajouté. Le secrétaire d’État a aussi affirmé que les États-Unis présenteraient « dans les semaines à venir les éléments clés » pour l’après-guerre, « y compris des idées concrètes sur la manière de gérer la gouvernance, la sécurité et la reconstruction » à Gaza.

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En annonçant le plan de cessez-le-feu, Biden l’avait présenté comme une proposition israélienne. Mais le Premier ministre Benyamin Netanyahou affirme qu’il poursuivra la guerre jusqu’à la défaite du Hamas. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken « continue de parler de l’accord d’Israël à la dernière proposition [de cessez-le-feu], mais nous n’avons entendu aucun responsable israélien s’exprimer à ce sujet », a plus tard indiqué le Hamas dans un communiqué. « Dans ce contexte, nous appelons Blinken et le gouvernement Biden à faire pression directement » sur Israël, a ajouté le mouvement.

Le Forum des familles, principale association de proches d’otages, a exhorté le gouvernement à agir vite car « tout délai pourrait mettre gravement en danger les otages. »

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Israël responsable de « crimes contre l’humanité »

Sur les 251 personnes enlevées le 7-Octobre, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l’armée. L’offensive israélienne lancée en riposte a fait jusqu’à présent 37 202 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement local, dirigé par le Hamas.

À Genève, une commission d’enquête de l’ONU a estimé qu’Israël était responsable de « crimes contre l’humanité », notamment pour « extermination », dans le territoire palestinien. Elle a aussi accusé les autorités israéliennes et sept groupes armés palestiniens, dont le Hamas, de crimes de guerre.

L’ambassade israélienne à Genève a accusé la commission de « discrimination systématique » à l’encontre d’Israël. L’ONU s’inquiète des risques de famine à Gaza, où au moins 1,7 million de Palestiniens, sur environ 2,4 millions d’habitants, ont été déplacés à plusieurs reprises par la guerre. Plus de 8 000 enfants âgés de moins de cinq ans ont été soignés à Gaza pour malnutrition aiguë, « dont 1 600 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère » et 28 sont morts, a révélé l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

(avec AFP)

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