« L’Aïd est complètement différent » cette année : à Gaza, calme relatif lors d’une pause humanitaire

Après la mort de huit soldats dans l’explosion d’une bombe, Israël a décidé de mettre en pause ses opérations le long d’une route ralliant Rafah.

Des Palestiniens pendant la prière du matin lors de la fête de l’Aïd, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. © Bashar TALEB / AFP.

Des Palestiniens pendant la prière du matin lors de la fête de l’Aïd, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. © Bashar TALEB / AFP.

Publié le 17 juin 2024 Lecture : 4 minutes.

La bande de Gaza a connu le 16 juin une journée de calme relatif, après l’annonce par l’armée israélienne d’une pause dans ses opérations le long d’une route du sud du territoire palestinien afin faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, alors que l’Organisation des Nations unies (ONU) redoute une famine généralisée.

Au premier jour de la fête musulmane de l’Aïd al-Adha, le territoire bombardé par l’armée israélienne depuis plus de huit mois a connu une journée « presque calme par rapport aux jours précédents », a déclaré le porte-parole de la Défense civile, Mohamed Basal. Il a signalé « quelques frappes » sur plusieurs quartiers de la ville de Gaza, dans le nord, et des tirs d’artillerie à Rafah, dans le sud, où l’armée mène une offensive terrestre contre le mouvement islamiste Hamas.

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Dans la ville de Gaza, des dizaines de fidèles ont prié au premier jour de l’Aïd al-Adha devant la mosquée al-Omari, endommagée par les bombardements. « L’Aïd est complètement différent » cette année, « nous avons perdu beaucoup de gens, il y a beaucoup de destructions », a confié à Oum Mohammad al-Katri, dans le camp de réfugiés voisin de Jabalia.

Huit soldats israéliens tués dans l’explosion d’une bombe

Un correspondant a indiqué que le calme se maintenait dans la soirée dans la plupart des secteurs, après l’expiration de la pause qui sera observée, selon l’armée, « de 8 h à 19 h (5 h à 16 h GMT) tous les jours et jusqu’à nouvel ordre », sur un tronçon routier d’une dizaine de kilomètres. L’armée a cependant souligné qu’il n’y avait « clairement pas de cessation des hostilités dans le sud de Gaza » et que « les opérations à Rafah se poursuivaient ».

Cette pause « tactique » et « locale » devra permettre une « augmentation du volume d’aide humanitaire entrant dans Gaza », a annoncé l’armée, au lendemain de la mort dans le territoire de 11 soldats, dont 8 dans l’explosion d’une bombe. Ce bilan est l’un des plus lourds pour l’armée israélienne en une seule journée depuis le début de la guerre, déclenchée par l’attaque du 7-Octobre.

« Nos cœurs sont brisés devant ces pertes terribles », a réagi le Premier ministre, Benyamin Netanyahou. Mais « nous devons nous en tenir aux objectifs de la guerre : détruire les capacités du Hamas, récupérer tous nos otages, faire en sorte que Gaza ne constitue plus une menace pour Israël. »

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« La personne qui a pris la décision d’instaurer une pause alors que nos soldats tombent au combat est maléfique et stupide », a dénoncé le ministre israélien d’extrême droite Itamar Ben Gvir.

Unique point de passage pour l’aide humanitaire

L’ONU a « salué » cette mesure, mais demandé que cela « conduise à d’autres mesures concrètes » pour faciliter les livraisons d’aide humanitaire. Le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), Jens Laerke, a souligné les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles vit la population de la bande de Gaza, assiégée par Israël, où ne rentre qu’une aide très insuffisante.

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Cette pause concerne une route qui s’étend en direction du nord à partir du point de passage israélien de Kerem Shalom, à l’extrémité sud de la bande de Gaza. Ce tronçon routier partant du passage frontalier rejoint la route Salaheddine, qui traverse la bande de Gaza du sud vers le nord, et se prolonge jusqu’à l’hôpital européen de Rafah, à environ 10 kilomètres de Kerem Shalom, selon une carte publiée par l’armée.

Kerem Shalom est devenu l’unique point de passage pour l’aide humanitaire dans le sud de la bande de Gaza depuis que l’armée a lancé, le 7 mai, une offensive terrestre sur la ville de Rafah, frontalière avec l’Égypte, et a pris le contrôle du poste-frontière.

Un cessez-le-feu toujours en négociations

En dépit des efforts de médiation internationaux, les espoirs d’un cessez-le-feu se heurtent toujours aux exigences contradictoires d’Israël et du Hamas. Le président américain, Joe Biden, a annoncé le 31 mai un plan qui prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages et de la libération de Palestiniens emprisonnés par Israël.

Israël n’a pas fait connaître officiellement sa position, mais Benyamin Netanyahou a réaffirmé sa détermination à poursuivre la guerre jusqu’à l’élimination du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007. L’organisation islamiste de son côté a exigé des « amendements » au plan, selon une source proche des discussions, incluant un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait total israélien de Gaza.

Sur 251 personnes enlevées lors du 7-Octobre, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l’armée. L’offensive israélienne lancée en représailles sur la bande de Gaza qui a fait jusqu’à présent 37 337 morts, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.

(avec AFP)

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