Au Rwanda, Kagame lance la campagne pour les élections du 15 juillet 

Samedi 22 juin, la campagne pour les élections présidentielle et législatives s’est ouverte officiellement. L’actuel président rwandais, Paul Kagame, fait figure de favori. 

Partisans du Front patriotique rwandais (FPR), lors du meeting de Paul Kagame pour les élections présidentielle et législatives, à Musanze, le 22 juin 2024. © Guillem Sartorio / AFP

Partisans du Front patriotique rwandais (FPR), lors du meeting de Paul Kagame pour les élections présidentielle et législatives, à Musanze, le 22 juin 2024. © Guillem Sartorio / AFP

Publié le 23 juin 2024 Lecture : 3 minutes.

La campagne de l’élection présidentielle du 15 juillet au Rwanda, couplé pour la première fois avec les législatives, s’est ouverte officiellement samedi. À trois semaines d’une réélection attendue du président Paul Kagame, qui dirige depuis vingt-quatre ans ce pays de l’Afrique des Grands Lacs.

Homme fort de facto du pays depuis la fin du génocide des Tutsi, en 1994, Paul Kagame avait été élu président par le Parlement après la démission de Pasteur Bizimungu en 2000. Il a ensuite été réélu au suffrage universel en 2003, 2010 et 2017, réunissant à chaque fois plus de 90 % des voix.

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Les mêmes adversaires qu’en 2017

Le 15 juillet, il sera opposé aux mêmes adversaires que lors des élections de 2017 : le chef du Parti démocratique vert Frank Habineza et l’ancien journaliste Philippe Mpayimana. Ces derniers avaient alors obtenu respectivement 0,48 % et 0,73 % des voix, tandis que Paul Kagame en remportait 98,79 %

Plusieurs figures de l’opposition (Victoire Ingabire, Bernard Ntaganda) n’ont pas eu la possibilité de se présenter, en raison de condamnations passées. La justice a rejeté leurs demandes de voir leurs droits civiques restaurés.

La commission électorale a également invalidé la candidature de Diane Rwigara pour documents non conformes. Cette voix anti-Kagame avait déjà été écartée de la présidentielle en 2017, accusée de falsification de documents et arrêtée avant d’être blanchie en 2018.

Lors d’un meeting réunissant, samedi, des milliers de partisans, dans la ville de Musanze, Paul Kagame a défendu le bilan de la « démocratie » au Rwanda, semblant répondre à des critiques sur la répression de l’opposition.

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« Les gens ne sont souvent pas d’accord sur la démocratie ou la comprennent différemment. Mais pour nous, nous avons notre propre compréhension du sujet. La démocratie signifie le choix, choisir ce qui est bon pour vous et ce que vous voulez », a-t-il lancé à la foule.

Une révision constitutionnelle controversée

Si Paul Kagame a été loué pour le rétablissement économique du Rwanda après le génocide, il est critiqué pour son bilan en matière de droits humains et de répression politique.

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La semaine dernière, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé le pouvoir de réprimer de longue date l’opposition, les médias et la société civile.

« La menace de blessure physique, les procédures judiciaires arbitraires et les longues peines de prison, qui peuvent souvent mener à la torture, ont en réalité dissuadé de nombreux Rwandais de s’engager dans l’opposition politique », selon HRW.

Approuvée par référendum en décembre 2015, une révision constitutionnelle, a instauré le passage du septennat au quinquennat, avec un maximum de deux mandats.

Une révision controversée, car elle remettait à zéro le nombre de mandats de Paul Kagame, qui avait déjà effectué deux septennats. Elle l’autorisait également à briguer un septennat transitoire 2017-2024. Lui permettant ainsi, en cas de réélection, de rester au pouvoir jusqu’en 2034.

Les élections législatives synchronisées avec la présidentielle

La révision constitutionnelle a par ailleurs synchronisé les élections législatives avec la présidentielle. Cette année, plus de 500 candidats brigueront les 80 sièges de députés.

Aux dernières élections, une coalition formée autour du parti présidentiel, le Front patriotique rwandais (FPR), incluant notamment le Parti social-démocrate et le Parti libéral, avait remporté 49 sièges.

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Le Parti social Imberakuri avait obtenu deux sièges, comme le Parti vert démocratique de Frank Habineza, seul parti opposé au FRP et autorisé par le pouvoir.

Les 27 autres sièges sont réservés par un système de quotas aux femmes, aux jeunes et aux handicapés. Ils sont attribués par scrutin indirect à des candidats n’appartenant à aucun parti : 24 femmes sont élues par les conseillers municipaux et régionaux, deux jeunes par le Conseil national de la jeunesse et une personne handicapée par la Fédération des associations des handicapés.

(Avec AFP)

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