Présidentielle algérienne : l’opposition critique l’impréparation de l’Autorité chargée de superviser le scrutin

C’est l’une des questions que pose la décision de tenir le scrutin à une date anticipée : l’Autorité nationale indépendante des élections pourra-t-elle assurer efficacement sa mission ? Pour plusieurs candidats, la réponse est non.

Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP) et candidate à l’élection présidentielle du 7 septembre, à Alger, le 11 juin 2024. © Anis Belghoul/PPAgency/SIPA

Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP) et candidate à l’élection présidentielle du 7 septembre, à Alger, le 11 juin 2024. © Anis Belghoul/PPAgency/SIPA

Publié le 10 juillet 2024 Lecture : 3 minutes.

À deux mois de l’élection présidentielle anticipée du 7 septembre, la gestion des préparatifs du processus électoral par l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) est pointée du doigt par de nombreux candidats.

Au Parti des travailleurs (PT) notamment, on fulmine depuis le début de l’opération. « On a saisi le président de l’Anie à trois reprises et on sait maintenant que rien ne va changer », peste la candidate Louisa Hanoune à moins de dix jours de l’expiration du délai de dépôt de sa candidature. La secrétaire générale du PT précise que le bureau de sa formation politique va se réunir en fin de semaine pour « établir un bilan à la lumière des évolutions et prendre des décisions».

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Le 9 juin, dès le lendemain de la convocation du corps électoral, les candidats se sont lancés dans la collecte des 50 000 signatures d’électeurs ou des 600 parrainages d’élus provenant d’au moins 29 wilayas, nécessaires à la validation de leurs dossiers. Et à leur grande surprise, la machine administrative n’était pas encore au point.

Au chapitre des griefs : indisponibilité dans certaines régions des équipements techniques, retards dans la nomination des agents chargés de la légalisation des formulaires de soutien à une candidature, absence de permanence durant le week-end et les jours fériés ou encore intimidation des citoyens par le personnel communal. « Ce n’est que le 19 juin, dix jours après le début de l’opération de la collecte de signatures, que ces ressources ont commencé à être disponibles dans la majorité des mairies, engendrant un retard préjudiciable. On ne comprend pas pourquoi on a avancé le scrutin présidentiel de trois mois alors que l’instance en charge de l’opération électorale n’est pas prête », confie un cadre de cette formation politique à Jeune Afrique.

Pour rattraper le temps perdu, l’ancien ministre algérien de la Justice, Mohamed Charfi, nommé le 15 septembre 2019 à la tête de l’Anie dans le contexte du Hirak, promet que les 4 903 points de légalisation des signatures travailleront désormais aussi les vendredis et les jours fériés, et ce jusqu’à 22 heures. « Une fausse solution », peste notre source. « Après une journée de travail, peu de gens auront assez d’énergie pour aller à la mairie signer un formulaire. Sans compter que dans certaines wilayas, à l’image de Tebessa, on a tenté de dissuader les citoyens qui voulaient accorder leur signature à notre candidate en leur disant que si vous signez pour cette opposante, on va vous radier de la liste des logements sociaux », étaye-t-elle.

Délais trop courts, attente trop longue

Des obstacles auxquels s’ajoute, selon ce parti, l’exclusion des citoyens détenteurs de cartes d’identité non biométriques, celles-ci étant dépourvues de numéro d’identification nationale. « Tout cela justifie largement la prolongation du délai du dépôt de dossier de candidature, fixé initialement au 18 juillet, réclamée par notre parti », pense le dirigeant du PT.

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Le Mouvement pour la société et la paix (islamiste) soulève, lui aussi, la question de l’inefficacité des administrations communales chargées de la numérisation et de la légalisation des formulaires de soutien qui a « non seulement retardé le processus mais aussi compromis sa transparence et sa crédibilité ».

De son côté, Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), pense que la digitalisation du processus électoral ne « peut en aucun cas atteindre les objectifs espérés car elle est en phase d’expérimentation ». Pour ce qui est de la révision des listes électorales qui s’est déroulée du 12 au 27 juin, la prétendante à la présidentielle juge la période trop courte, « ne permettant pas à une large majorité des électeurs, les jeunes en particulier, de s’inscrire pour la première fois ».

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Sans étiquette partisane, la présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Saida Neghza, troisième femme présente dans la course de la présidentielle, déplore quant à elle la longue attente, « pouvant durer jusqu’à six heures, des citoyens qui désirent lui apporter leur soutien »  à cause des fonctionnaires chargés de la légalisation du document qui désertent leur poste. Elle ne manque pas non plus de s’en prendre aux partis politiques qui formaient l’alliance présidentielle à l’époque de Bouteflika et qui, affirme-t-elle, ont verrouillé la compétition en interdisant à leur militants et élus d’accorder leur parrainage à un candidat autre que le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune, lorsque celui-ci se lancera dans la course. Son entourage affirme, toutefois, qu’elle a pu remplir cette condition d’éligibilité, sans préciser si la prétendante à la magistrature suprême a récolté les 50 000 signatures d’électeurs ou les 600 parrainages d’élus.

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