En Algérie, grève de la faim pour Cherif Mellal, l’ex-dirigeant de la JSK détenu depuis janvier 2023

L’homme d’affaires et ancien président du club de football phare de Kabylie observe depuis le 17 juillet – et pour la troisième fois – une grève de la faim pour protester contre son maintien en détention préventive. Il est détenu à la prison d’El Harrach depuis maintenant dix-huit mois.

 © Facebook Cherif Mellal

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Publié le 22 juillet 2024 Lecture : 3 minutes.

Depuis le 19 janvier 2023, Cherif Mellal est sous le coup d’un mandat de dépôt, délivré par juge d’instruction du pôle économique et financier. Décision qui a fait l’objet de quatre renouvellements successifs. L’homme d’affaires de 49 ans, destitué de son poste de dirigeant de la JS Kabylie en 2021, a déjà observé plusieurs grèves de la faim afin de protester contre son maintien en détention. La dernière, qui a duré seize jours, remonte à avril 2024. Le détenu l’avait suspendue lorsqu’on lui avait annoncé une audition début mai, ce qui lui faisait espérer la tenue rapide d’un procès.

Cherif Mellal avait aussi cédé à la pression d’anciens joueurs du club et de personnalités publiques qui le pressaient de mettre fin à son action de contestation, et avaient publié une lettre ouverte adressée aux autorités qu’ils appelaient « à prendre des mesures immédiates pour garantir la santé et la sécurité de Cherif Mellal et pour qu’une solution équitable soit trouvée dans les plus brefs délais avant qu’il ne soit trop tard ».

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L’homme d’affaires souffre en effet de diabète et d’une mauvaise tension artérielle, si bien que sa défense et ses proches soulignent qu’une trop longue détention pourrait contribuer à détériorer son état de santé.

Une première relaxe

Condamné en 2023 à dix-huit mois de prison, Cherif Mellal a été relaxé par la cour d’appel en janvier 2024. Il était poursuivi sur la base de l’article 79 du code pénal pour « atteinte à l’unité nationale », sur fond d’une accusation d’appartenance au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé comme « organisation terroriste » par l’État algérien. Le magistrat en charge de l’audience avait alors évoqué des photos le montrant avec des responsables du MAK, ainsi qu’une intervention télévisée sur une chaîne proche de ce mouvement. Lors de l’audience, le parquet avait requis cinq ans d’incarcération.

Malgré cette relaxe, l’homme d’affaires a été maintenu en détention dans le cadre d’une deuxième affaire, cette fois pour « violation de la législation et de la réglementation sur le change », « mouvement de capitaux à l’intérieur et à l’extérieur du pays » et « blanchiment d’argent provenant du produit du crime ». Selon sa défense, son dossier ne contient aucune preuve sur les faits qui lui sont reprochés et l’accusation ne repose que sur un document bancaire « tiré sur internet qui s’est avéré, après expertise, être un faux ».

Cherif Mellal « est maintenu en prison alors qu’il présente toutes les garanties légales pour sa libération, qui est un droit constitutionnel consacré par l’article 44 du code de procédure pénale », souligne sa défense. Qui ajoute que les « commissions rogatoires judiciaires étrangères » invoquées « pour justifier son maintien en détention provisoire ne sont pas contraignantes, conformément aux dispositions des articles 721 et 722 du code de procédure pénale ».

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Polémique sur les maillots floqués en caractères amazigh

Né en juin 1975 à Larbaâ Nath Iraten, commune de la wilaya de Tizi-Ouzou, Cherif Mellal a dirigé la JS Kabylie de 2018 à 2021. Sous sa coupe, le club a effectué un retour triomphal en Ligue des champions de la CAF, en éliminant des adversaires redoutables. Lors de sa troisième saison en tant que président, il a aussi conduit son équipe jusqu’à la finale de la Coupe de la confédération 2020-2021 et remporté la coupe de la Ligue algérienne. Les premiers titres gagnés en dix ans pour la JS Kabylie.

Le club s’est ensuite engagé sur un terrain plus politique. Sous la direction de Mellal, la JS Kabylie a créé sa propre marque d’équipement et, sur les maillots, les noms des joueurs étaient écrits en caractère amazigh (tifinagh), avec le drapeau de la région sur le dos. Finalement, la Confédération africaine de football a sommé la JSK de jouer sans ce flocage en caractères amazigh, type de flocage également très mal vu par les autorités algériennes.

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