Gaza : le Hamas et Netanyahou s’accusent mutuellement de l’échec des négociations de trêve

Alors que la situation sanitaire ne cesse de se dégrader dans la bande de Gaza et que l’armée israélienne poursuit son opération en Cisjordanie, chaque partie attribue à l’autre la responsabilité de l’impasse dans les discussions en vue d’un éventuel cessez-le-feu.

Des tentes de réfugiés palestiniens touchées par des frappes israéliennes dans la cour de l’hôpital de Deir al-Balah, le 5 septembre 2024. © ABDALLAH F.S. ALATTAR/Anadolu via AFP

Des tentes de réfugiés palestiniens touchées par des frappes israéliennes dans la cour de l’hôpital de Deir al-Balah, le 5 septembre 2024. © ABDALLAH F.S. ALATTAR/Anadolu via AFP

Publié le 5 septembre 2024 Lecture : 4 minutes.

Le Hamas et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, se rejettent la responsabilité de l’échec des négociations sur une trêve dans la bande de Gaza, où une campagne anti-polio a déjà permis la vaccination de près de 200 000 enfants, selon l’OMS.

Depuis l’annonce de la découverte, dimanche, des corps de six otages par l’armée israélienne, Benyamin Netanyahou est soumis à une forte pression afin de parvenir à un accord pour la libération des otages encore retenus, en échange d’une trêve des combats, qui permettrait d’aller vers un cessez-le-feu permanent après bientôt onze mois de guerre.

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« Nous essayons de trouver des terrains sur lesquels commencer les négociations [mais] ils (le Hamas) refusent [et disent] qu’il n’y a rien à discuter », a dénoncé le chef du gouvernement israélien mercredi 4 septembre lors d’une conférence de presse.

Le mouvement islamiste palestinien insiste sur l’application, en l’état, d’un plan annoncé le 31 mai dernier par le président américain Joe Biden, qu’il avait accepté. « Nous n’avons pas besoin de nouvelles propositions », a écrit le Hamas sur Telegram ce jeudi, ajoutant que M. Netanyahou « utilise les négociations pour prolonger l’agression contre (le) peuple » palestinien.

Le Premier ministre israélien souhaite qu’Israël conserve le contrôle du couloir de Philadelphie, une zone tampon à la frontière entre la bande de Gaza et l’Égypte, aussi longtemps qu’il le juge nécessaire pour empêcher le Hamas de faire entrer des armes dans le territoire palestinien ou d’exfiltrer vers l’Égypte des otages ou certains de ses combattants à travers des tunnels.

Le Hamas demande un retrait israélien total de la zone et estime que l’insistance de Benyamin Netanyahou à vouloir contrôler ce couloir « vise à empêcher l’obtention d’un accord ». À Washington, le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, a appelé chaque partie à faire les concessions nécessaires. « Nous attendons simplement » que les otages « reviennent vivants et non dans des cercueils », a déclaré Anet Kidron, qui a participé à Tel-Aviv à une des manifestations organisées dans le pays pour appeler à leur libération.

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Le Qatar critique l’attitude d’Israël

Selon M. Netanyahou, le couloir de Philadelphie est loin d’être le seul point d’achoppement. La question du nombre de prisonniers palestiniens détenus par Israël devant être relâchés en échange de chaque otage libéré, ou d’un éventuel veto israélien à la libération de certains de ces détenus, font partie de tout ce qui « n’a pas été résolu », soutient-il. Le Qatar, médiateur clé dans les négociations, a jugé mardi 3 septembre que l’approche israélienne cherchait à « falsifier les faits », soulignant qu’un tel procédé « conduira en fin de compte à l’arrêt des efforts de paix ».

Une frappe nocturne israélienne a tué quatre personnes abritées dans des tentes près de l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa, à Deir al-Balah (centre de la bande de Gaza), a par ailleurs indiqué jeudi matin une source médicale. L’armée israélienne a affirmé avoir ciblé « un centre de commandement » utilisé par le Hamas et des militants du Jihad islamique à Deir al-Balah. Plus au sud, dans la zone d’Al-Mawasi, un missile a fait un mort et plusieurs blessés, a rapporté le Croissant-Rouge palestinien.

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D’après un rapport d’Amnesty International, plus de 90 % des bâtiments semblent avoir été « détruits ou gravement endommagés » par l’armée israélienne sur une bande large de 1 à 1,8 km le long de la frontière de l’enclave palestinienne avec Israël, afin d’y créer une zone tampon. L’ONG de défense des droits humains appelle à une enquête internationale pour « crimes de guerre », dénonçant « une campagne de destruction injustifiée ».

« Malgré les mauvaises conditions » à Gaza, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé mercredi avoir pu administrer une première dose de vaccination anti-polio à quelque 187 000 enfants dans le centre du territoire. Après la découverte du premier cas de polio à Gaza depuis 25 ans, une campagne à grande échelle a débuté dimanche, après de premières vaccinations samedi, à la faveur de « pauses humanitaires » dans les combats. L’OMS doit commencer ce jeudi à vacciner dans le sud du territoire, où elle estime devoir toucher 340 000 enfants en quatre jours. Entre le 9 et le 11 septembre, l’organisation passera dans le nord de Gaza.

Le camp d’Al-Fara pris d’assaut par les forces israéliennes

À Tubas, dans le nord de la Cisjordanie occupée, où l’armée israélienne poursuit sa vaste opération lancée le 28 août, cinq hommes âgés de 21 à 30 ans ont été tués et deux autres personnes blessées « lors d’une attaque contre une voiture », a affirmé le Croissant-Rouge palestinien dans un communiqué. Les forces israéliennes ont pris d’assaut le camp de réfugiés d’Al-Fara, dans le gouvernorat de Tubas, et des explosions y ont été entendues, ont indiqué des témoins.

Le Croissant-Rouge affirme que l’armée israélienne lui a confié le corps sans vie d’un adolescent de 17 ans à l’entrée du camp d’Al-Fara après avoir été empêché par elle de le soigner. L’armée israélienne a pour sa part indiqué avoir mené dans la zone « trois frappes ciblées contre des terroristes armés qui présentaient une menace ».

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a affirmé mercredi la nécessité d’employer « toute la force » contre les groupes armés palestiniens en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, où l’armée a annoncé samedi la mort d’un de ses soldats. Au moins 35 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis le début de l’opération, d’après le ministère palestinien de la Santé.

(Avec AFP)

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