Au Mali, 11 tonnes de dons pour réaffirmer une présence russe malmenée

Après des déconvenues sur le continent en matière de communication et la perte de combattants de l’Africa Corps au Mali, c’est par un don de vivres et de médicaments que Moscou manifeste son soutien à la lutte contre les jihadistes sahéliens.

© Damien Glez

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Publié le 20 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.

En juillet 2023, au sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine avait promis de livrer gratuitement près de 50 000 tonnes de céréales à six pays du continent, dont deux pays aujourd’hui sont membres de la fédération de l’Alliance des États du Sahel (AES), le Mali et le Burkina Faso. Ce 18 septembre, le débarquement à l’aéroport de Bamako de 11 tonnes d’aide venues de la Fédération de Russie ne s’inscrivait donc pas officiellement dans une démarche purement conjoncturelle, mais dans la volonté durablement affichée par Moscou de contribuer à la sécurité alimentaire d’une Afrique touchée par certaines perturbations liées au conflit en Ukraine.

Les 11 tonnes russes atterrissaient pourtant au lendemain de la double attaque terroriste du 17 septembre, attentats perpétrés à l’école de gendarmerie de Faladié et à l’aéroport de Bamako. Or, la cargaison était en partie composée de médicaments, et ce sont bien les Forces armées maliennes (Fama) qui en étaient destinataires, officiellement au titre du renforcement de « leurs capacités dans la lutte contre le terrorisme ». Mais quel partenaire voudrait souligner une actualité que le gouvernement malien tend lui-même à minimiser ?

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L’humanitaire à la rescousse de la propagande ?

Conjoncturelle ou structurelle, la manne que transportait l’avion militaire de type IL-76 – composée de produits pharmaceutiques, mais aussi de vivres –, s’inscrit effectivement dans un rapprochement sans cesse accru des autorités maliennes et russes. Friand de suffrages africains aux votes des différentes résolutions onusiennes, Moscou intervient au Mali, non seulement sur un terrain qui se veut humanitaire, mais aussi dans les secteurs de la communication et de la coopération militaire.

Or, sur le plan de la diffusion d’informations pro-russes ou anti-occidentales, la Russie vient de perdre l’accès à des supports très populaires en Afrique de l’Ouest francophone, ceux de la société Meta. Le groupe de Mark Zuckerberg vient de décider de ne plus héberger les contenus de médias publics russes accusés de propagande malsaine.

Implication sécuritaire confirmée

Sur le plan sécuritaire, certains Maliens s’interrogent sur l’opportunité de la présence d’ « instructeurs russes » qui auraient incité l’Ukraine à s’impliquer sur le terrain sahélien, au moment de la tragique embuscade de Tinzaouaten. Le départ récent du Burkina Faso des paramilitaires russes de la Brigade Bear pourrait-elle être perçue comme une remise en cause progressive de l’implication russe dans la lutte contre les factions jihadistes liées à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ou à l’État islamique au Sahel (EIS) ?

En médiatisant le don de 11 tonnes de matériel à Bamako, le ministère russe de la Défense dément donc une baisse d’intensité de son implication au Sahel, évoquant un « engagement à long terme auprès du Mali ». Les responsables russes présents à Bamako, insistent d’ailleurs sur le fait que ce geste ponctuel ne représente qu’une infime partie de l’assistance de Moscou.

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