Au Mali, le convoi de l’armée à destination de Tinzawaten fait demi-tour sans livrer combat

Retour à la case départ au Mali. Le convoi de l’armée et du groupe Wagner, parti il y a une dizaine de jours en direction du nord, est revenu à son point de départ sans livrer bataille, ont annoncé mercredi des sources dans les différents camps. La colonne de plusieurs dizaines de véhicules a fait halte à Kidal, ont déclaré une source militaire et une autre du gouvernorat. Au moment de son départ dans cette vaste zone désertique, un responsable de l’armée avait déclaré être « en mission de sécurisation sur le territoire national ». La colonne semble n’avoir jamais atteint sa destination après avoir sillonné le désert dans des conditions difficiles.

L’objectif annoncé initialement était Tinzawaten, à 200 km au nord de Kidal, à la frontière algérienne, où l’armée et le groupe paramilitaire russe avaient perdu plusieurs dizaines d’hommes dans des combats contre les séparatistes et les jihadistes, fin juillet. L’objectif réel de cette nouvelle mission, qui pouvait passer suivie pour une tentative de revanche après la défaite de juillet, reste inconnu.

Une tentative de revanche ?

« Vu le volume du convoi et les moyens dont ils disposaient, tout le monde sait que leur objectif exclusif était la reprise de Tinzawaten, mais cette fois-ci, ils ont dû renoncer et rebrousser chemin, car ils ne sont pas prêts pour une autre aventure », a affirmé El Maouloud Ramadane, porte-parole du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA). « Ils savent bien ce qui les attend. Il faut préciser qu’ils ne sont pas arrivés à Tinzawaten. Ils étaient à mi-chemin », a-t-il ajouté.

Les forces maliennes ont déclaré lundi dans un communiqué avoir « récupéré les dépouilles de leurs frères d’armes », tombés en juillet près de Tinzawaten. Une information confirmée par l’agence d’État russe Tass et par un post Telegram de la Communauté des officiers pour la sécurité internationale (Cosi), qui forme des forces de l’armée, de la police et de la gendarmerie de Centrafrique, où opèrent des mercenaires de l’Africa Corps, successeur de Wagner.

« Les Forces armées du Mali et leurs alliés russes se sont mobilisés pour récupérer les corps de leurs camarades tombés au combat et ont aujourd’hui accompli leur devoir », a déclaré le chef de la Cosi, Alexandre Ivanov, cité par l’agence Tass.

Bataille informationnelle

L’armée malienne n’a pas annoncé officiellement la fin de la mission, mais c’est ainsi que l’a présentée une source militaire. Les séparatistes, qui ont suivi l’avancée du convoi en communiquant sur les réseaux sociaux, se sont félicités de ce « retour forcé ».

À Tinzawaten, « on a perdu une bataille » mais « nous n’allons jamais perdre la guerre contre les terroristes », avait déclaré le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, à propos des combats de juillet dernier. L’armée malienne avait répliqué les jours suivants par des frappes de drone. Elles avaient tué plusieurs civils, notamment des orpailleurs et des enfants, selon des élus et les séparatistes.

Début octobre, l’armée a affirmé avoir identifié et neutralisé « une colonne de véhicules appartenant à des groupes armés terroristes » dans le Nord. Les séparatistes ont indiqué, eux, qu’il s’agissait de « deux véhicules de transport en commun » et que les frappes avaient fait sept morts et trois blessés, « tous des orpailleurs nigériens ». Les deux camps se livrent à une bataille informationnelle constante. Les journalistes ont peu d’accès à des sources indépendantes dans ces zones reculées et dans un contexte de fortes restrictions sur leur travail dans le pays.

(avec AFP)