Nigeria : François Hollande à la conquête du « géant africain »

Le président français, François Hollande, fera le déplacement jeudi au Nigeria, en tant qu’invité d’honneur, pour célébrer le centenaire de l’unification du pays. L’occasion pour la France de poursuivre le dialogue sur les questions sécuritaires mais aussi de resserrer les liens avec son premier partenaire commercial en Afrique.

Goodluck Jonathan (à g.) et François Hollande à l’Elysée, le 11 février. © AFP

Goodluck Jonathan (à g.) et François Hollande à l’Elysée, le 11 février. © AFP

Publié le 26 février 2014 Lecture : 3 minutes.

C’est en ami que François Hollande, le président français, se rend chez son homologue nigérian, Goodluck Jonathan, jeudi 27 février. Mieux : en invité d’honneur. Parmi la quinzaine de chefs d’État qui assisteront, dans la soirée, à la cérémonie du centenaire de l’unification du Nigeria, il est le seul dans ce cas. Un signe qui ne trompe pas… "Nos relations avec le président nigérian sont bonnes", indique-t-on à l’Élysée.

Ce qui les rapproche, c’est d’abord la sécurité. Hollande et Jonathan sont en contact régulier depuis un an et le déclenchement de l’opération Serval au Mali, où le Nigeria a rapidement envoyé un millier de ses hommes. Jonathan a effectué une visite officielle en France en février 2013 ; il y est revenu à l’occasion du sommet sur la paix et la sécurité au mois de décembre dernier – sommet dont il a apprécié la teneur, dit-on dans l’entourage du président français. Les services français et nigérians ont en outre travaillé main dans la main pour obtenir la libération des otages français enlevés dans la région en 2013 (la famille Moulin-Fournier et le père Vandenbeusch). Si c’est le Cameroun qui a facilité leur libération, Paris a apprécié que l’armée nigériane, en guerre contre Boko Haram, ne lance pas l’offensive dans les zones où ils étaient censés être détenus.

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Hollande et Jonathan sont sur la même longueur d’onde au sujet de la lutte contre les groupes terroristes. Le Nigeria s’est félicité de l’intervention de l’armée française au Mali et la France soutient les opérations militaires menées dans le nord du Nigeria contre Boko Haram. "Nous sommes complémentaires", glisse-t-on dans l’entourage du président. Hollande devrait tout de même demander à son homologue, lors de l’entretien bilatéral qu’ils auront en début d’après-midi ce 27 février, de limiter les (nombreuses) victimes collatérales – bref, de revoir certaines méthodes employées par les forces de l’ordre. Il est prévu que les deux hommes abordent d’autres questions liées à la sécurité : la piraterie dans le Golfe de Guinée, la situation en Guinée-Bissau (où le Nigeria est en première ligne), au Mali et en Centrafrique, ainsi que la coopération (en matière de renseignement notamment).

Un peu plus tôt dans la matinée, les deux chefs d’État auront participé à une conférence sur la "sécurité humaine, la paix et le développement", que l’on présente à l’Élysée comme une suite du sommet organisé à Paris en décembre.

Rencontre économique

Le Nigeria, un pays émergeant dont le PIB dépassera bientôt celui de l’Afrique du Sud.

Mais si le rapprochement avec ce pays, et cette invitation, qui fera de Hollande le deuxième président français à se rendre au Nigeria (après Jacques Chirac en 1999), est "une très bonne nouvelle" pour l’Élysée, ce n’est pas seulement parce qu’Abuja est un interlocuteur majeur sur les questions sécuritaires.

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"C’est là que se trouve le siège de la Cedeao. C’est un des trois membres non permanents africains du Conseil de sécurité des Nations unies (avec le Rwanda et le Tchad). C’est surtout un géant africain, un pays émergeant dont le PIB dépassera bientôt celui de l’Afrique du Sud, dont la population devrait doubler dans les trente prochaines années, dont la classe moyenne est estimée à 20 millions de personnes, et dont la croissance est supérieure à 7% par an depuis huit ans", énumère un conseiller de Hollande.

Donc un marché important. Le Nigeria est pour l’heure le premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne, avec des échanges estimés à 5 milliards d’euros. Mais à Paris, on estime que l’on doit faire mieux. "On est dernière l’Allemagne et le Royaume-Uni". Surtout, la balance est déficitaire pour la France – qui achète, via Total, beaucoup de pétrole au Nigeria. Le gouvernement s’est fixé comme objectif de l’équilibrer d’ici 2017. En 2013, les exportations vers le Nigeria ont augmenté de 13%.

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La visite de Hollande permettra ainsi d’organiser une rencontre économique ce 27 février, réunissant une cinquantaine de chefs d’entreprises (25 Français, 25 Nigérians), et qui devrait permettre au président français d’inviter les grands patrons et les fonds d’investissements nigérians à investir en France.

 

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