Nigeria : des procès pour homosexualité suspendus par crainte de lynchage

Deux tribunaux islamiques du nord du Nigeria ont dû ajourner les procès de dix hommes accusés d’homosexualité de crainte que des foules ne les attaquent, ont rapporté mercredi les autorités.

Des accusés dans un tribunal islamique de Bauchi, en août 2007. © AFP

Des accusés dans un tribunal islamique de Bauchi, en août 2007. © AFP

Publié le 29 janvier 2014 Lecture : 2 minutes.

La semaine dernière déjà, une foule en colère massée devant un tribunal de la ville de Bauchi, dans l’État nigérian du même nom, avait violemment attaqué par des jets de pierres sept hommes jugés pour avoir enfreint la loi islamique qui interdit l’homosexualité. La police avait dû lancer des gaz lacrymogènes et tirer en l’air pour disperser les manifestants qui réclamaient un procès expéditif et l’exécution des accusés.

Les sept prévenus devaient comparaître de nouveau mardi, mais la cour ne pouvait plus siéger normalement à la suite de cet incident, a expliqué l’officier d’État civil Unguwar Jaki à l’AFP. "Nous ne pouvons pas poursuivre le procès en raison des manquements à la sécurité de la dernière séance. Le tribunal doit suspendre le procès pendant la réévaluation des mesures de sécurité pour éviter une répétition des violences", a-t-il ajouté.

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"Scènes de lapidation"

Un second procès, où trois suspects devaient être jugés dans un autre tribunal islamique de la même ville de Bauchi, a également été ajourné. "Le procès a été suspendu à cause des scènes de lapidation devant l’autre tribunal. Nous voulons éviter que cet incident ne se reproduise ici", a déclaré le juge Nuhu Mohammed Dumi. Le maintien en détention des trois hommes expirait mardi et devra être prolongé, a-t-il dit. Le juge a justifié leur maintien en détention par le risque que les suspects encouraient s’ils étaient remis en liberté, et a ajouté que la date du prochain procès ne serait pas rendue publique pour éviter de nouvelles émeutes.

Suleiman Musa, l’avocat des prévenus, bien que peu enthousiasmé par le maintien en détention de ses clients, a reconnu que c’était la meilleure solution pour garantir leur sécurité. "Les familles des trois accusés ont demandé leur libération sous caution, mais je leur ai expliqué qu’ils risquent de se faire lyncher par la foule s’ils sortent de prison. Ils ont pris la mesure du danger", a-t-il commenté.

L’homosexualité, qualifiée de "comportement immoral", est interdite par la loi islamique en vigueur dans plusieurs États du nord du Nigeria à majorité musulmane. Selon la charia, qui y est appliquée parallèlement au système judiciaire fédéral, les homosexuels encourent la peine de mort par lapidation.

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Sur le plan fédéral, le président Goodluck Jonathan a promulgué en janvier une loi, largement soutenue par la population nigériane, qui restreint fortement les droits des homosexuels. D’après la législation adoptée à l’unanimité du parlement en mai dernier, elle est punie par 14 ans de prison en cas de mariage homosexuel et 10 ans d’emprisonnement contre les personnes de même sexe affichant publiquement leur relation.

(Avec AFP)

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