Mali Biocarburant S.A, pionnier du gazole vert en Afrique de l’Ouest

Depuis 2007, Mali Biocarburant l’entreprise fabrique du biocarburant à partir de graines de jatropha. En 2011, l’entreprise a raffiné 220 000 litres de ce gazole issu de l’agriculture. Un exemple pour l’Afrique de l’Ouest.

Mali Biocarburant S.A. (MBSA) est la première société productrice de biodiesel en Afrique de l’Ouest. DR

Mali Biocarburant S.A. (MBSA) est la première société productrice de biodiesel en Afrique de l’Ouest. DR

Julien_Clemencot

Publié le 27 septembre 2013 Lecture : 3 minutes.

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Agro-industrie : un potentiel en jachère

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Environ 2 000 litres d’huile par jour : le pressoir de Mali Biocarburant (MBSA) tournera bientôt à plein régime. La principale récolte de graines de jatropha, un arbuste originaire d’Amérique du Sud, a débuté autour des villes de Sikasso, Kita, Koulikoro et Ouéléssébougou. Au total, d’ici à fin octobre, 6 000 petits producteurs livreront leur récolte pour qu’elle soit transformée en biogazole grâce à l’adjonction de méthanol.

En 2011, MBSA, pionnier en Afrique de l’Ouest sur ce créneau, a raffiné 220 000 litres de ce gazole issu de l’agriculture. « Cela reste notre année de référence, car 2012 a été largement perturbée par la crise qu’a traversée le pays », précise Koreissi Touré, directeur de la production. La capacité de raffinage devrait toutefois décupler prochainement, avec l’installation d’une nouvelle usine. Depuis la création de l’entreprise par l’agroéconomiste néerlandais Hugo Verkuijl, en 2007, plus de 2 millions d’euros ont été investis.

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Les besoins du marché ouest-africain sont gigantesques.

Subventions

« Les besoins du marché ouest-africain sont gigantesques, mais nous ne voulons pas brûler les étapes », précise Koreissi Touré. Et l’initiative sera rentable à condition que le biocarburant puisse bénéficier des mêmes subventions que l’essence fossile. En attendant que la réglementation malienne évolue, MBSA peut compter sur le soutien du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas et de ses actionnaires hollandais : l’Institut royal des tropiques et le Spoorwegen Pensioenfonds (caisse de retraite de la société néerlandaise des chemins de fer).

Actuellement, la production est vendue dans son intégralité à des industriels locaux pour faire fonctionner des groupes électrogènes, des chaudières et même des camions. « Pour ces clients, l’intérêt est double : non seulement ils passent de grosses commandes, mais en plus les coûts logistiques sont réduits », assure le directeur de la production. L’entreprise envisage aussi un accord avec un distributeur pétrolier pour mélanger son biocarburant avec du diesel classique afin de le vendre aux automobilistes.

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« Notre principal défi demeure l’approvisionnement. La production malienne de jatropha est encore insuffisante, et pour alimenter notre nouvelle raffinerie nous serons obligés de compléter avec d’autres sources oléagineuses comme l’huile de coton dégradée ou l’huile de ximenia américaine », explique Koreissi Touré. Développer des plantations industrielles n’est en outre pas souhaitable. Les souches génétiques étant limitées, les risques liés à l’apparition de maladies sont trop élevés. Plusieurs projets de ce type ont d’ailleurs tourné court en Tanzanie et au Mozambique, selon notre interlocuteur.

30% du capital aux organisations paysannes

D’ici à quelques années, MBSA pourra compter sur l’apport de 6 000 paysans burkinabè dont les arbustes sont pour l’heure immatures. « Pour augmenter les récoltes, nous devons convaincre les producteurs d’accorder plus d’espace à cette culture. Quand le jatropha a été introduit en Afrique de l’Ouest, dans les années 1950, il ne servait qu’à délimiter les champs. Aujourd’hui, les paysans l’associent à des cultures vivrières comme le sorgho ou l’arachide », poursuit Koreissi Touré.

L’entreprise a donc décidé d’attribuer aux organisations paysannes respectivement 20 % et 30 % du capital des filiales de production qu’elle a créées au Mali et au Burkina Faso. Elle a aussi aidé les agriculteurs de Koulikoro à construire une usine de fabrication de savons produits à partir de la glycérine obtenue lors de la transformation du jatropha. Convaincu par cette approche, le Fonds international de développement agricole (Fida) des Nations unies a décidé d’appuyer MBSA pour dupliquer ce projet au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Guinée.

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