Centrafrique : plusieurs dizaines de victimes découvertes dans un charnier à Bangui

Des sources concordantes ont rapporté jeudi la découverte d’un charnier à Bangui. On y a trouvé une trentaine de cadavres entassés près du camp militaire de Roux, proche d’une base de la garde présidentielle de Michel Djotodia. Le pays continue de s’enfoncer dans le chaos.

Un calme précaire dans les rues de Bangui. © AFP

Un calme précaire dans les rues de Bangui. © AFP

Publié le 27 décembre 2013 Lecture : 2 minutes.

"[C’est] un spectacle vraiment odieux. On a trouvé des corps éparpillés sur un rayon d’au moins 200 mètres" a déclaré, le 26 décembre, Ghislain Grésenguet, le procureur de la République de Bangui sur les ondes de RFI. Une trentaine de cadavres, tous des hommes adultes, ont été entassés dans un charnier, près du camp militaire de Roux, à l’entrée de la capitale centrafricaine.

"Certains corps étaient ligotés, certains avaient (…) de grosses plaies qui laissent entrevoir des tortures avant la mort", a ajouté le procureur, annonçant l’ouverture d’une enquête pour savoir ce qui s’était bien passé dans ce quartier sensible de Bangui, où l’on retrouve des installations radiophoniques mais aussi une base de la garde présidentielle et l’une des résidences du président Michel Djotodia.

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Appel à témoins

Le procureur Ghislain Grésenguet a également lancé un appel à témoins. Selon lui, ce massacre aurait eu lieu trois jours plus tôt : des victimes auraient été tuées ailleurs et leurs corps jetés de part et d’autre de la route qui monte sur la colline des Panthères, sur les hauteurs de Bangui.

Les premiers éléments de l’enquête n’ont pas permis de savoir si les personnes assassinées étaient tuées par balle ou à l’arme blanche.

Une situation complexe pour les militaires français

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Parallèlement, les difficultés s’accumulent pour l’armée française en Centrafrique, trois semaines après le début de l’opération Sangaris, incitant plusieurs experts à prôner un renforcement militaire français pour éviter l’enlisement.

"Une situation humanitaire dramatique, un mandat unanime du Conseil de sécurité, un théâtre d’opérations bien connu de la France: toutes les conditions morales, politiques et opérationnelles paraissaient réunies pour conduire une intervention brève et réussie en République centrafricaine", rappelle François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique, dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde daté de vendredi.

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"Au lieu de cela, nos soldats se trouvent seuls, face à une situation locale nettement plus dure que prévue. Il n’y aura pas de succès rapide et nos troupes devront probablement être renforcées", ajoute-t-il, déplorant que la France ait choisi en Centrafrique une "dimension nationale" pour son intervention et non européenne.

Pour le général à la retraite Vincent Desportes, "la France n’a que deux solutions: soit se retirer, soit se renforcer". Un retrait n’étant pas politiquement envisageable, "il faut donc renforcer sérieusement, monter très vite à 5.000, 6.000 hommes, avoir un effet de masse immédiat. Sinon on va combattre un incendie avec un verre d’eau", prévient-il.

Autre expert à souhaiter des renforts, le général à la retraite Bertrand Cavallier, citant le précédent du Kosovo, juge dans le magazine Le Point que "la France pourrait déployer ses unités de gendarmerie mobile" en Centrafrique afin d’y "restaurer la sécurité".

Alors que le pays semble au bord de la guerre civile, alimentée par des tensions religieuses dans un cycle de représailles entre chrétiens et musulmans, la tâche des Français est rendue plus compliquée encore par l’attitude et les ambiguïtés de son allié tchadien, qui joue le rôle de protecteur de la minorité musulmane et est considéré comme la puissance régionale qui a mis en place l’ex-chef rebelle et président Michel Djotodia. Le Tchad fait aussi partie de la force africaine (Misca), censée être neutre.

(Avec AFP)

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