À Bangui, des manifestations contre l’armée française… et contre Djotodia

Des manifestations de colère contre l’armée française ont été organisées dimanche dans la capitale centrafricaine. Tandis que des soldats tchadiens de la force africaine (Misca) ont ouvert le feu ce matin sur d’autres protestataires qui réclament le départ de Michel Djotodia. Il y a, pour le moment, un mort à déplorer.

Un véhicule blindé congolais à Bangui, le 22 décembre 2013. © AFP

Un véhicule blindé congolais à Bangui, le 22 décembre 2013. © AFP

Publié le 23 décembre 2013 Lecture : 2 minutes.

C’est l’une des premières manifestations contre l’opération Sangaris à Bangui. Plusieurs milliers de partisans de la Séléka sont descendus dimanche 22 décembre dans les rues de la capitale centrafricaine pour protester contre l’armée française, après la mort quelques heures plus tôt de trois combattants de l’ex-rébellion  dans un accrochage avec des soldats français.

Le rassemblement s’est déroulé sans incident avant d’être dispersé, selon l’armée française, par "les forces de police de la Misca" (force africaine en Centrafrique), dans une ville pourtant à feu et à sang depuis trois semaines.

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Manifestation anti-Sangaris contre une armée française accusée de partialité

"Non à la France", "Hollande criminel !", scandaient notamment les manifestants, qui entendaient dénoncer "la partialité" des militaires français déployés depuis début décembre en République centrafricaine, où ils tentent de mettre fin à des violences interreligieuses à grande échelle.

Rassemblés dans le centre-ville, les protestataires, portant pancartes et calicots, ont marché pendant près d’une heure sur une grande avenue vers le quartier musulman PK5.

Dimanche matin, trois combattants Séléka avaient été tués dans un accrochage avec des soldats français, au cours d’une opération de désarmement des groupes armés dans un quartier nord de la ville, selon des sources concordantes. L’état-major français à Paris a confirmé l’accrochage mais refusé de donner un bilan, expliquant seulement que les Français ont ouvert "le feu deux fois au cours de la journée" : la première fois "contre un groupe d’une demi-douzaine de personnes soupçonnées d’être des ex-Séléka", qui "allaient faire usage de leurs armes" qu’ils avaient "pointées contre nos troupes", et la deuxième fois "contre un tireur isolé".

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Selon le chef de l’une des factions de la Séléka, Abacar Sabone, les trois ex-rebelles ont été tués "alors qu’ils étaient armés, certes, mais ils n’avaient montré aucun hostilité envers les Français et n’ont pas fait usage de leurs armes". L’incident a ravivé parmi la population musulmane les accusations de "partialité" contre les soldats français, soupçonnés de ne désarmer que les ex-Séléka, jouant ainsi le jeu des milices d’autodéfense chrétiennes "anti-balaka", responsables de nombreuses atrocités ces derniers jours contre des civils musulmans.

Un mort à l’aéroport

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Ce lundi matin, d’autres manifestants – chrétiens cette fois-ci – étaient regroupés à l’entrée de l’aéroport pour exiger "le départ" du président Michel Djotodia. Deux 4X4 de soldats tchadiens de la Misca ont alors foncé vers la foule, tirant en l’air et en direction des manifestants. Une personne a été tuée et une autre blessé, ont constaté les journalistes de l’AFP.

Le Tchad a par ailleurs annoncé qu’il allait rapatrier ses ressortissants "en détresse" en Centrafrique. Assimilés à l’ex-Séléka ou accusés de complicités avec les ex-rebelles, de nombreux Tchadiens ont été la cible ces dernières semaines des attaques des anti-balaka et de la population.

(Avec AFP)

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