Rébellion au Mali : les trois mouvements touaregs et arabes annnoncent leur fusion

Trois groupes rebelles touaregs et arabes – MNLA, HCUA et MAA – ont annoncé, lundi, leur fusion au terme de plusieurs jours de pourparlers à Ouagadougou. Objectif : peser de tout leur poids dans les futures négociations avec Bamako sur le statut du nord du Mali.

Des rebelles du MNLA à Kidal, le 27 juillet 2013. © Kenzo Tribouillard/AFP

Des rebelles du MNLA à Kidal, le 27 juillet 2013. © Kenzo Tribouillard/AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 5 novembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Ils s’étaient déjà rapprochés, ils ont désormais annoncé leur fusion, qui devrait être effective "après approbation de leurs bases respectives dans un délai de 45 jours". Objectif : présenter un front uni dans les discussions de paix à venir avec les autorités de Bamako. Concrètement, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) ont adopté une "plate-forme politique", une "commission de négociations" ainsi qu’un "organe de décisions" communs, au terme de plusieurs jours de discussions à Ouagadougou.

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Les trois groupes se disent "guidés par une commune volonté politique de privilégier l’intérêt supérieur du peuple de l’Azawad", et "convaincus que seule une solution politique peut assurer la paix, la sécurité et le développement (…) et contribuer à la stabilité de la sous-région". Mais le nom du nouveau mouvement ainsi créé n’a pas encore été communiqué.

Des groupes divisés

Le MNLA avait affirmé en septembre qu’il ne négocierait avec les autorités maliennes que sur la base d’une autonomie de l’Azawad "ou il n’y (aurait) pas de négociations avec les autorités maliennes", selon son président Mahamadou Djeri Maïga. Mais Bamako rejette cette approche, qui n’est pas partagée par tous les membres de la rébellion.

La plupart des cadres du MNLA veulent un retour dans le giron démocratique et des autorités maliennes.

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"La plupart des cadres du MNLA veulent un retour dans le giron démocratique et des autorités maliennes", décrypte André Bourgeot, anthropologue spécialiste des sociétés touarègues, directeur de recherche au CNRS. La fusion des trois mouvements vise d’ailleurs à "constituer une entité civile qui leur permettrait de retourner dans le jeu démocratique", explique-t-il. Mais au sein du MNLA, "beaucoup, notamment parmi les jeunes, n’acceptent pas ce glissement et continuent de revendiquer l’indépendance", ajoute-t-il.

Négociations difficiles

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Les trois mouvements étaient d’ailleurs absents aux "états généraux de la décentralisation", l’une des premières phases d’un dialogue censé pacifier le nord du Mali fin octobre. Mais une branche du MAA était présente aux "assises du Nord" vendredi et samedi à Bamako, auxquels le MNLA et le HCUA n’étaient, eux, pas représentés.

Le principal problème vient du fait que le MNLA et le HCUA comprennent d’anciens membres d’Ansar Eddine (Défenseurs de l’islam), alliés avec les jihadistes d’Aqmi, et semblent très dépendants de l’agenda d’une diplomatie secrète de l’Algérie. Le MAA est un autre mouvement plus récemment créé par les communautés arabes du Nord afin d’avoir davantage de visibilité et de poids dans les discussions avec Bamako. L’accord de Ouagadougou signé en juin prévoit un cessez-le-feu, un retour progressif des forces de défense et de sécurité maliennes à Kidal et un cantonnement des combattants rebelles sur des sites de regroupement. De nombreuses discussions doivent encore intervenir pour organiser sa mise en place.

(Avec AFP)

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