Journée de manifestations à haut risque en Égypte
Les partisans et les opposants du président déchu Mohamed Morsi ont prévu de descendre en même temps dans les rues du Caire, vendredi 26 juillet. Des manifestations qui risquent de tourner à la confrontation si les cortèges rivaux se croisent.
Double manifestation prévue ce vendredi au Caire et dans les autres grandes villes du pays. À l’appel du chef de l’armée, des opposants de Mohamed Morsi vont descendre dans les rues pour donner au général Abdel Fattah al-Sissi le « mandat » d’en « finir avec le terrorisme et la violence ». Alors que, de leur côté, les Frères musulmans ont prévu également de manifester pour réclamer le retour au pouvoir du président déchu dont ils clament la « légitimité ».
Pour tenter de calmer les esprits, l’armée égyptienne a alterné, le 25 juillet, mises en garde et propos rassurants face aux partisans de l’ancien président islamiste. L’appel du général Abdel Fattah al-Sissi « ne constituait pas une menace envers un groupe politique en particulier », a tenté de convaincre le porte-parole militaire, en allusion aux propos des Frères musulmans.
Mais dans le même temps, un communiqué publié sur une page Facebook proche des militaires diffusait un message plus pressant, voire menaçant. « Le commandant des forces armées a donné un délai de 48 heures pour un retour dans les rangs de la nation ». Une demande faite aux Frères musulmans de s’associer au processus de « réconciliation » prôné par le nouveau pouvoir. Sinon… Les conséquences d’un éventuel refus ne sont pas précisées.
En tout cas, après les rassemblements de vendredi, « les forces armées changeront de stratégie face à violence et au terrorisme », affirme le texte. Une source militaire tente de relativiser : « cet ultimatum de 48 heures est en fait une invitation politique » qui ne comporte pas de menace d’intervention.
"Inquiétude"
Amnesty International met en doute dans un communiqué les déclarations rassurantes de l’armée, soulignant que « l’appel du général Sissi fait redouter que les forces de sécurité ne soient en train de se préparer à utiliser la force pour mettre fin aux sit-in et aux manifestations des partisans de Mohamed Morsi ». L’organisation appelle « les forces de sécurité à faire davantage pour protéger les manifestants des agressions et éviter le recours excessif à la force contre les rassemblements pacifiques ».
Des ONG égyptiennes ont également exprimé leur « inquiétude » face à la demande du chef de l’armée, considérant que le « mandat » qu’il réclame « violerait fondamentalement les principes d’un État fondé sur le droit ».
Pour les Frères musulmans qui considèrent le discours du général Sissi comme un « appel à la guerre civile », les manifestations « contre le coup d’État sanglant » qu’ils organisent resteront « pacifiques », a annoncé leur guide suprême, Mohamed Badie.
Ban Ki-moon demande la libération de Mohamed Morsi
L’ancien Premier ministre de M. Morsi, Hicham Qandil a présenté des mesures de compromis pour « cesser l’effusion de sang » et esquisser une solution politique, proposant la libération des personnes arrêtées et la levée de l’isolement du président déchu.
Même son de cloche du côté du secrétaire général de l’ONU qui a également appelé jeudi l’armée égyptienne à libérer le président islamiste destitué et d’autres dirigeants des Frères musulmans. Ban Ki-moon souhaite que Mohamed Morsi et ses alliés « soient libérés ou que leurs dossiers soient examinés de façon transparente sans plus attendre », a indiqué son porte-parole.
En attendant, la police a annoncé le déploiement de nombreux renforts au Caire pour encadrer et assurer la sécurité des cortèges rivaux lors des manifestations de ce vendredi. Des blindés ont été postés autour de la place Tahrir, où les anti-Morsi avaient prévus de se rassembler. La télévision d’État a annoncé l’interruption des feuilletons du ramadan jusqu’à samedi afin de se consacrer à la couverture de l’actualité.
(Avec AFP)
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