Législatives libyennes : les libéraux en passe de faire refluer la vague islamiste ?

Les premières indications donnent les libéraux gagnants face aux islamistes, mais il faudra attendre encore quelques jours pour avoir les résultats définitifs des premières élections législatives libyennes.

Des urnes venant des différents bureaux de vote sont rassemblées, le 8 juillet 2012 à Tripoli. © AFP

Des urnes venant des différents bureaux de vote sont rassemblées, le 8 juillet 2012 à Tripoli. © AFP

Publié le 9 juillet 2012 Lecture : 3 minutes.

Aucune date n’est encore fixée, mais la commission électorale libyenne a d’ores et déjà affirmé qu’elle commencerait à donner les résultats préliminaires de législatives dans les 13 grandes circonscriptions du pays, au fur et à mesure des opérations de dépouillage.

Une opération qui pourrait durer encore quatre ou cinq jours. La collecte de données et le dépouillement devraient en effet prendre plus de temps que prévu, au vu de la superficie du territoire libyen, mais aussi pour des raisons de sécurité. Les urnes sont ainsi acheminées, notamment par avion, depuis les différentes régions vers l’aéroport militaire de Mitiga à Tripoli, où le dépouillement effectué dans les différents bureaux de vote est vérifié avant la validation des résultats.

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Les Libyens étaient appelés le 7 juillet à choisir les 200 membres du Congrès national général, pour une nouvelle période de transition qui doit durer jusqu’à la rédaction de la future Constitution. Malgré des violences et des actes de sabotage de la part de militants autonomistes dans l’Est, les citoyens ont réussi leur premier scrutin libre après plus de quatre décennies de dictature, sous le régime de Mouammar Kadhafi, qui avait supprimé toute élection.

Dialogue national

Selon les premières indications, le pays semble résister à la vague islamiste qui a déferlé sur l’Égypte et la Tunisie voisines, touchées aussi par le Printemps arabe. Les libéraux semblent en effet se diriger vers une victoire. Dans une allocution s’apparentant à un discours d’investiture, le chef de l’Alliance des forces nationales (principale force politique libérale), Mahmoud Jibril a appelé dimanche soir les autres partis politiques à l’unité.

« Nous adressons un appel sincère pour un dialogue national, en vue de nous unir tous ensemble (…) sous une seule bannière, parvenir à un compromis, un consensus sur la base duquel la Constitution peut être rédigée et le nouveau gouvernement peut être formé », a ainsi expliqué Jibril, avant de préciser que « lors des élections (de samedi) il n’y avait ni perdant ni gagnant. La Libye est le seul véritable vainqueur de ces élections. »

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L’ex-Premier ministre du Conseil national de transition (CNT) s’exprimait au cours d’une conférence de presse, quelques heures après les déclarations du  secrétaire général de l’Alliance, Faiçal el-Krekchi, qui, se basant sur « des rapports préliminaires », estimait que sa coalition était « en tête dans la plupart des circonscriptions électorales. » Avant lui déjà, le chef du principal parti islamiste, le parti de la justice et de la construction (PJC), issu des Frères musulmans, Mohamed Sawan, avait également reconnu « une nette avance » de l’Alliance de Jibril dans les grandes villes de Tripoli et de Benghazi.

Ces premières estimations ne portent cependant que sur les 80 sièges réservés aux listes des formations politiques dans la prochaine assemblée qui comptera 200 membres. Mais pour les 120 sièges restant, réservés aux candidats individuels, la tendance devrait être identique, dans la mesure où une majorité des candidats sont soutenus par des partis politiques.

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Compromis politique

Huit mois après la fin du conflit armé qui a mené à la chute puis à la mort de Mouammar Kadhafi, près de 2,8 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes, pour des élections qualifiées d’historiques par la communauté internationale. Le taux de participation a atteint les 62 %, selon la commission électorale.

Les élections ont cependant été émaillées de violences, notamment parce que des partisans de l’autonomie régionale de l’Est entendaient dénoncer la répartition des sièges au sein de la future assemblée nationale : 100 pour l’Ouest, 60 pour l’Est, 40 pour le Sud.

Pour calmer le jeu, le CNT a ôté à cette assemblée l’une de ses principales prérogatives, celle de désigner les membres du comité en charge de la rédaction de la Constitution du pays. La composition de ce comité devrait ainsi faire l’objet d’un nouveau scrutin, et chaque région y enverra 20 membres.

En attendant, le Congrès national sera chargé de choisir un nouveau gouvernement pour prendre le relais du CNT, dont la dissolution est prévue lors de la première session du Congrès.

(Avec AFP)

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