Tunisie : les « dérives » de la presse dénoncées par une instance indépendante
L’Instance indépendante chargée de réformer l’information et la communication en Tunisie (Inric) a présenté lundi 30 avril son rapport dans lequel elle dénonce les dérives que le paysage médiatique connaît depuis la chute de Ben Ali en 2011.
« Règlement de compte personnels et politique », propagation « de rumeurs et d’informations infondées », « manque de professionnalisme, et manquements à l’éthique »… Pour Kamel Labidi, président de l’Instance indépendante chargée de réformer l’information et la communication en Tunisie (Inric), les « derives » constatées dans le paysage médiatique depuis la chute de l’ancien président Ben Ali en 2011 sont la conséquence « de l’absence d’institutions de contrôle et de régulation ».
Mise en place par le premier gouvernement post-révolution, l’Inric a présenté lundi 30 avril un rapport dans lequel elle « propose des moyens pour corriger les dégâts considérables et remédier à la destruction systématique des médias », a ajouté son président. Principale recommandation de l’instance : « inscrire dans la Constitution en cours de rédaction, la liberté d’expression, de presse, d’information et d’échanges sur internet ». L’Inric réclame également la suppression des « peines privatives de liberté » pour les journalistes dans le code de la presse.
Ingérence
Confrontée aussi à l’ingérence de membres de gouvernements et à « des pratiques contraires au fonctionnement démocratique », l’Inric n’a pas bénéficié de la liberté dans la rédaction de son rapport, selon Kamel Labidi. Celui-ci assure notamment qu’il n’a pas pu accéder aux documents relatifs à la gestion d’institutions pro-Ben Ali comme l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE) qui contrôlait et orientait le travail de la presse locale et internationale.
Kamel Labidi s’est fait l’écho de « promesses » d’Hamadi Jebali écartant toute ingérence dans la presse. Celles-ci avaient été faites lors de la « consultation nationale sur les médias » que l’Inric, comme les syndicats, Reporters sans frontières (RSF), et de nombreux professionnels avaient boycottée.
« Nous prenons acte et restons vigilants », a simplement dit Labidi. « Il y a et il y aura une résistance à toute tentative de mettre au pas les médias. Les Tunisiens se sont débarrassés d’un régime dictatorial pour jeter les bases d’un État démocratique », a-t-il ajouté.
(Avec AFP)
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Entre l’armée malienne, Wagner et les groupes touaregs, la guerre des nerfs avant ...
- Marocains d’Algérie : une communauté de plus en plus stigmatisée
- Menaces, délations… Au Burkina Faso, les pro-Ibrahim Traoré sèment la terreur en l...
- Patrice Talon et Olivier Boko : comment les frères sont devenus adversaires
- Jean-Louis Billon et Tidjane Thiam : la mission de médiation d’élus du PDCI