Présidentielle au Sénégal : en fin de campagne, l’opposition s’interroge sur un report du scrutin
Alors que certains candidats à la présidentielle sénégalaise du 26 février appellent à un report du scrutin, le jugeant manipulé par le président Abdoulaye Wade, d’autres candidats se prononcent en faveur de la tenue de l’élection ce dimanche 26 février.
Appeler à un report de la présidentielle ou accepter de se rendre dimanche 26 février aux urnes, l’opposition sénégalaise hésite sur la marche à tenir. Pour certains, la question est tranchée : l’inconstitutionnalité de la candidature du président sortant Abdoulaye Wade oblige à repousser le scrutin.
Au nom du Mouvement du 23 juin (M23), qui regroupe partis de l’opposition et associations de la société civile, Alioune Tine s’est prononcé en faveur de ce report. « Dire qu’on peut avoir une élection libre et transparente est une vue de l’esprit », a-t-il déploré. Le coordinateur du M23 juge le chef de l’État responsable des violences de ces derniers jours au Sénégal, lesquelles ont fait au moins six morts et des dizaines de blessés depuis fin janvier. Mais Alioune Tine accuse aussi le Conseil constitutionnel de s’être « disqualifié » depuis qu’il a validé la candidature controversée du chef de l’État. Or, selon Tine, le Conseil constitue « en dernier ressort l’arbitre » du scrutin, puisqu’il examinera les éventuels recours et prononcera les résultats définitifs.
Autre accusée, selon Tine, la Commission électorale nationale autonome (Cena), « incapable de mettre au pas l’administration ». « La meilleure façon de sauver la mise, c’est de créer les conditions d’un consensus pour des élections libres et des organes de régulation neutres », conclut-il.
"L’élection n’aura pas lieu"
Tout comme lui, Cheikh Tidiane Gadio, Cheikh Bamba Dièye et Ibrahima Fall, tous trois candidats à la présidentielle, également membres du M23, sont favorable à un report en raison de « la situation quasi-insurrectionnelle » qui prévaut dans le pays, selon les mots d’Ibrahima Fall.
Mais certains ténors de l’opposition entendent bien, pour leur part, s’affronter dans les urnes dès dimanche. Parmi eux, deux anciens Premier ministres de Wade : Macky Sall et Moustapha Niasse, ainsi que le leader du Parti socialiste (PS), Ousmane Tanor Dieng. « Nous sommes contre tout report », a clamé la porte-parole du PS, Aïssata Tall Sall. La seule raison valable pour ajourner le scrutin serait le retrait d’Abdoulaye Wade, afin de laisser le temps au Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir) de se trouver un nouveau candidat.
Aïssata Tall Sall a déclaré dans le même temps que « l’élection n’aura pas lieu », puisqu’elle sera perturbée, mais « sans violence », selon elle. « Nous ne devons pas laisser » le Sénégal « se diriger vers le précipice de la violence », a pour sa part exigé l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, le chef des observateurs de l’Union africaine (UA) qui poursuivait jeudi ses rencontres avec les acteurs politiques du pays, dont Abdoulaye Wade.
(Avec AFP)
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