Nigeria : six morts dans la grève générale contre la hausse des prix de l’essence

Des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants ont provoqué la mort d’au moins six personnes et fait des dizaines de blessés lundi 9 janvier au Nigeria. Ce premier acte de la grève générale, bien suivie, visait à protester contre la hausse brutale des prix du carburant.

Un homme durant une manifestantion contre la hausse du prix des carburants à lagos le 9 janvier 201 © AFP

Un homme durant une manifestantion contre la hausse du prix des carburants à lagos le 9 janvier 201 © AFP

Publié le 10 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

Outre les tensions croissantes entre chrétiens et musulmans au Nigeria, le premier jour de la grève générale contre la hausse brutale des prix du carburant a aussi apporté son lot de morts. Selon la Commission nationale des droits de l’Homme, six personnes sont décédées lundi 9 janvier, dont quatre par balles, dans des heurts entre manifestants et forces de l’ordre, alors que la grève à durée indéterminée paralyse le pays.

Les principaux points de friction : Lagos, la capitale économique du premier producteur de pétrole d’Afrique et Kano, la métropole du Nord à dominante musulmane. Dans cette seconde ville, les affrontements violents ont provoqué la mort de trois personnes, dont l’une par balle ainsi qu’un enfant tué dans un mouvement de foule. On compte également une trentaine de blessés selon un responsable hospitalier, dans cette ville où les manifestants ont tenté d’envahir les bureaux du gouverneur de l’État et d’incendier le domicile de Lamido Sanusi, le gouverneur de la Banque centrale. Des incidents qui ont incité les autorités à décréter un couvre-feu nocturne dans la ville, entre 18h et 8h du matin.

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Dans la capitale économique, trois personnes ont également été abattues, alors que les manifestants occupaient la ville. Des jeunes ont bloqué un important axe routier en enflammant des pneus, jetant des pierres sur les policiers. « Bad Luck Jonathan » (Jonathan la malchance), scandaient-ils, en détournant le prénom du chef d’État, Goodluck (bonne chance) Jonathan.

Rétablir les subventions

D’autres manifestations ont eu lieu dans la capitale fédérale, Abuja, où des milliers de personnes se sont rassemblées. Le mot d’ordre de grève générale à donc été bien suivi. Les syndicats avaient lancé cet appel afin de convaincre le gouvernement de rétablir les subventions sur l’essence, dont la suppression le 1er janvier à entrainé une brusque hausse des prix qui affecte les 160 millions de Nigérians. Le litre à la pompe est ainsi passé du jour au lendemain de 65 nairas (0,30 euro) à au moins 140 nairas alors que la plupart de la population vit avec moins de deux dollars par jour.

Si l’activité était largement à l’arrêt dans les grandes villes lundi, la production de pétrole, 2,4 millions de barils par jour, n’a pas été affectée par la grève, ont assuré des responsables du secteur.

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Cette grogne sociale intervient dans un contexte de tensions intercommunautaires croissantes, dans un pays où les habitants se divisent à parts égales entre chrétiens (majoritaires dans le sud) et musulmans (plutôt au nord). Lundi, des manifestants ont tenté d’incendier une mosquée de Benin City, dans le sud du pays et un bureau de change tenu par un musulman, faisant plusieurs blessés légers, selon la police ; tandis qu’à Gusau, capitale de l’État de Zamfara (nord), un couvre-feu a été instauré après que des manifestants qui protestaient contre la hausse des prix des carburants eurent attaqué une église. À Biu (dans le nord-est), deux personnes, dont un responsable local des services de renseignement, ont été assassinées lundi par des membres présumés de Boko Haram, selon une source policière.

Boko Haram dispose de soutiens

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Le pape Benoît XVI s’est dit profondément inquiét de cette montée des violences au Nigeria. Il a déploré lundi que l’objectif de la réconciliation et du respect de « toutes les ethnies et religions » soit encore lointain en Afrique. Les États-Unis ont eux « vivement » condamné « ces actes de violence continus attribués » au groupe islamiste Boko Haram. Depuis les sanglants attentats du jour de Noël, qui ont fait au moins 49 morts, six nouvelles attaques contre des chrétiens dans le Nord majoritairement musulman ont fait plus de 80 morts.

La majeure partie de ces attaques ont été revendiquées par la secte islamiste qui réclame l’application de la charia (loi islamique) dans l’ensemble du pays.

Le président Goodluck Jonathan a admis pour la première fois dimanche, que le groupe terroriste disposait de soutiens et de sympathisants au sein du parlement, de la justice et des services de sécurité.

(Avec AFP)
 

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