Seif el-Islam Kadhafi : « La France a ses valets en Afrique »

Acculé militairement, lâché par la plupart de ses alliés d’hier, le fils du « Guide » libyen Seif el-Islam Kadhafi a donné une interview pleine de rancœur au journal français Le Monde. Il met en cause le président sénégalais Abdoulaye Wade (qu’il accuse d’avoir touché de l’argent pour se rendre à Benghazi) et continue d’affirmer que ses troupes vont remporter la guerre.

Détail de l’interview de Seif el-Islam Kaddafi dans « Le Monde » daté du 4 juillet. © DR

Détail de l’interview de Seif el-Islam Kaddafi dans « Le Monde » daté du 4 juillet. © DR

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 5 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

C’est un Seif el-Islam Kadhafi à fleur de peau qui s’exprimé dans une interview au journal français Le Monde, le 4 juillet. Visiblement vexé d’avoir été lâché, d’abord par la France et les Occidentaux, puis par certains pays africains, le fils du « Guide » libyen règle ses comptes avec les deux.

Sarkozy, un ex-ami de la famille ?

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« On considérait M. Sarkozy comme notre meilleur ami en Europe, déclare-t-il au journaliste, qui l’a interrogé à Tripoli. La relation qu’il avait avec mon père était tellement spéciale. Nous avions même des liens avec son ex-femme. Nous avions une sorte de relation familiale. »

« Et en une nuit, poursuit-il, il a changé d’avis. Nous avons entendu qu’il était fâché parce que nous n’avons pas signé beaucoup de contrats avec la France. On n’a pas acheté le Rafale. »

« Les véritables enjeux sont l’argent, l’argent, l’argent et le pétrole, estime-t-il. Personne ne soutient les rebelles en Syrie, par exemple. Mais ici, il y a du pétrole. La Libye est un gigantesque gâteau que les pays [étrangers] veulent se partager. »

"Wade a reçu 20 millions d’euros pour son fils"

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Interrogé sur le fait que certains pays africains ont officiellement reconnu les rebelles du Conseil national de transition (CNT), Seif el-Islam Kadhafi répond que « la France a ses valets en Afrique. Ils ne vénèrent pas Dieu, ils vénèrent l’Élysée. Certains ont leurs raisons. Abdoulaye Wade [le président sénégalais, premier chef d’État à s’être rendu dans le fief des rebelles de Benghazi ] a reçu 20 millions d’euros pour son fils [Karim Wade]. C’est le Qatar qui a payé, nos espions nous disent tout. Mais nous avons de nombreux amis sur le continent ».

À propos du mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre lui et son père, le fils du « Guide » libyen y voit une pure manœuvre politique. « Il y a deux mois, on nous appelait de plusieurs pays, en nous disant : « Si vous partez en exil, on fera cesser les poursuites. On règlera ça. Ca signifie que ce n’est pas un véritable tribunal. C’est un outil pour nous mettre la pression. »

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Kadhafiades

Seif el-Islam en a profité pour faire quelques « Kadhafiades » dignes de son père. À propos des rebelles, il a ainsi estimé qu’ils n’étaient pas plus de « quelques centaines de combattants, huit cent ou mille à l’échelle du pays. Ils sont relativement forts parce qu’ils ont l’Otan qui se bat pour eux […] Si vous soutenez Mickey Mouse avec de tels moyens, Mickey Mouse sera quelque chose en Libye ! En dépit de cela, ils perdent du terrain tous les jours ».

Après s’être étonné du déploiement de forces des pays de l’Otan, il n’hésite pas à les dénigrer. « L’opération de l’Otan est particulièrement stupide, mal préparée. Tout a été fait dans la hâte. Une campagne fast-food, une campagne McDonald’s. »

Tour à tour ouvert (« Vous voulez la paix ? Nous sommes prêts. Vous voulez la démocratie ? On est prêts. ») et menaçant (« Si vous voulez la guerre, nous adorons nous battre. »), Seif el-Islam Kadhafi conclut l’entretien en affirmant que les négociations n’ont aucune chance d’aboutir. « Mon père ne fait pas partie des négociations, rappelle-t-il. […] Vous pensez qu’on peut trouver une solution qui ne l’implique pas ? Non, c’est impossible. »

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