Les dirigeants du football français accusés de racisme

Le site d’information Mediapart affirme que les dirigeants du football français, dont le sélectionneur national Laurent Blanc, envisageaient de « sélectionner » les jeunes joueurs destinés à l’équipe de France en fonction de critères « d’origine » africaine ou nord-africaine, évoquant même des « quotas ». Les intéressés nient toute discrimination mais certains reconnaissent un « problème » posé par les joueurs « binationaux »…

Le sélectionneur de l’équipe de France de football Laurent Blanc à Saint-Denis, le 9 octobre 2010 © AFP

Le sélectionneur de l’équipe de France de football Laurent Blanc à Saint-Denis, le 9 octobre 2010 © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 29 avril 2011 Lecture : 3 minutes.

« Il y a trop de Noirs en équipe de France ! » Cette idée, un temps l’apanage de Jean-Marie Le Pen, l’ancien leader du Front national (FN), est-elle arrivée jusque dans les réunions au plus haut niveau du football français ?

Le site d’information français Mediapart, célèbre pour plusieurs révélations sur la vie politique française, l’affirme.

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"Quota" de Noirs et d’Arabes ?

Dans un article paru jeudi, Mediapart affirme que des consignes à caractère discriminatoire ont été données aux centres de formation dépendants de la Fédération française de football (FFF). Selon ses auteurs, le Directeur technique national (DTN), François Blaquart, aurait proposé « des espèces de quotas » lors d’une réunion, en présence du sélectionneur national Laurent Blanc. Il n’est pas précisé « s’il s’agissait des joueurs binationaux ou, plus largement, des joueurs noirs ou arabes », écrit Mediapart, qui précise que le chiffre de « 30 % » aurait même été évoqué.

Laurent Blanc aurait même été plus explicite : « Les Espagnols, ils disent : "Nous, on n’a pas de problèmes. Des blacks, on n’en a pas." », selon Mediapart.

La ministre française des Sports, Chantal Jouanno est montée au créneau dès le lendemain matin dans plusieurs médias, réclamant une inspection par les services de son ministère. Jouanno a évoqué même d’éventuelles « sanctions » contre François Blaquart si les faits étaient avérés, ce qu’elle « n’ose pas croire ». La FFF a pour sa part annoncé une « enquête interne […] peut-être avec une personne incontestable du monde du football » pour faire « toute la lumière sur ces allégations ».

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Interrogé sur le sujet, le sélectionneur de l’équipe nationale a réagi en niant tout « projet auquel [il aurait] participé, qui impose des quotas ». « Un tel projet ne verra jamais le jour », a-t-il réaffirmé lors d’une conférence de presse vendredi matin. Laurent Blanc a toutefois reconnu que la réunion du 8 novembre s’était bel et bien tenue.

Que s’y est-il dit exactement ? Difficile d’en être certain, en l’absence de documents écrits. À en croire Mediapart, c’est d’ailleurs ce point que les intéressés se sont empressés de soulever lorsqu’ils les ont contactés. « Si vous me prouvez que ça a été écrit, que vous l’avez, que vous l’avez récupéré ou que quelqu’un peut témoigner en ce sens là, moi je veux bien l’entendre », aurait ainsi déclaré François Blaquart.

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Pour Blanc, la problématique des discriminations a bien été abordée lors de ces réunions, mais du point de vue des critères « techniques » ou « physiques et athlétiques » dont seraient d’ores et déjà victimes certains jeunes joueurs.

« Il faudrait peut-être davantage donner leurs chances aux joueurs même de petite taille, mais ayant des qualités de dribbleurs ou ayant une vraie intelligence de jeu. Après, il ne faut pas faire des amalgames et ajouter des critères de couleur […] Il nous faut des petits, qu’ils soient blancs ou de couleur », a-t-il déclaré en conférence de presse ce vendredi.

Le "problème" des binationaux

Les dirigeants du football français reconnaissent en revanche pleinement avoir soulevé le « problème » des « binationaux ».

Les joueurs disposant d’une autre nationalité que française peuvent en effet choisir de jouer pour l’autre pays, même après avoir participé aux entraînements et sélections des équipes de France de catégorie jeune.

Le plus souvent, ils prennent ces décisions pour des raisons sportives, par crainte de ne pas parvenir à percer en équipe de France, où le niveau est traditionnellement plus relevé. Ce type de parcours est courant chez les joueurs des équipes nationales du continent (tant du Maghreb que d’Afrique Subsaharienne).

Cette possibilité, offerte par le règlement de la Fifa pose visiblement problème aux dirigeants du football français. Ces joueurs « profiteraient » de la formation française, avant d’en faire bénéficier d’autres pays. « Quand un joueur a porté les couleurs de l’équipe de France en jeunes, ça me dérange quand il part jouer pour une autre sélection une fois adulte », a déclaré Laurent Blanc vendredi.

Selon Lemonde.fr, François Blanquart est allé plus loin encore, le 4 avril, en déclarant : « La Fifa s’est copieusement vendue aux nations africaines. Ce sont des enjeux électoraux. Ces pays se sont débrouillés pour qu’il y ait beaucoup plus de souplesse et d’ouverture au niveau de la réglementation. »

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