Gabon : des militaires ont-ils comploté pour installer par la force Ali Bongo ?

Accusé de complot, le général Jean-Philippe Ntumpa Lebani affirme avoir eu l’idée d’installer par la force Ali Bongo en 2009, mais qu’il n’en a pas fait le projet car l’intéressé n’aurait pas été mis au courant. Quel que soit le résultat de son procès, les révélations fusent sur les pratiques douteuses de la Grande Muette au Gabon.

Le général Ntumpa Lebani, au palais présidentiel en 2009. © D.R.

Le général Ntumpa Lebani, au palais présidentiel en 2009. © D.R.

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 23 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Drôle de procès que celui du général Jean-Philippe Ntumpa Lebani, ex-dirigeant du Conseil national de sécurité du Gabon. Traduit devant la Cour de sûreté de l’État, celui-ci est accusé d’avoir fomenté, pendant la transition qui a suivi la mort du président Omar Bongo Ondimba (en juin 2009), un complot visant à placer Ali Bongo Ondimba au pouvoir. Sans que ce dernier, qui était pourtant le principal intéressé, ait été mis au courant du projet présumé.

Incarcéré depuis septembre 2009, le général Ntumpa a clamé mardi son innocence lors d’une audience de plus de deux heures devant la Cour. « Tout ce qui m’est reproché, je ne le reconnais pas. Je n’ai jamais fomenté un complot […] Je n’ai jamais fomenté un coup d’État », a-t-il affirmé.

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"Coup à la togolaise"

Le commissaire du gouvernement, Eusebe Ondo Ndong, lui a alors rappelé que « lors de ses auditions, il [Ntuma, NDLR] a bel et bien déclaré qu’il avait l’intention d’installer Ali Bongo Ondimba dans un scénario à la "togolaise" ». Une déclaration reconnue par l’intéressé qui proteste cependant avoir organisé quoi que ce soit. « L’idée [d’un coup à la togolaise, NDLR] est venue en moi, mais n’ayant jamais vu Ali Bongo Ondimba, l’idée appartient au passé […] Il fallait d’abord rencontrer l’autorité compétente pour qu’elle en décide », s’est-il justifié, mettant hors de cause l’actuel président gabonais.

Cinq autres officiers comparaissaient aussi. Les lieutenants Émile Akandas Areno et Cédric Boukoumbi, également incarcérés depuis 2009, ainsi que le commandant Marcel Roger Mombert, le capitaine Juste Parfait Oura Amegue et le lieutenant Harold Ndoguinot, laissés libres, et qui se sont constitués prisonniers dimanche à la demande de la Justice.

Primes aux militaires en période électorale

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Le procès a mis en lumière la pratique de versement de primes en nature aux militaires au moment des périodes électorales – et notamment à ceux de la Garde républicaine (GR). Ce qui ne laisse pas de poser des questions sur le caractère républicain de la « Grande Muette ». Le général Ntumpa a ainsi reconnu avoir versé en liquide au total 1,4 million de F CFA (2 150 euros) aux lieutenants Akandas et Boukoumbi ainsi qu’au capitaine Oura Amegue. Selon lui, il ne s’agissait pas d’argent versé en vue d’un complot mais de primes « pour renforcer la cohésion » alors qu’il y avait des tensions ethniques au sein de la GR et dans l’armée.

Le général Ntumpa et le lieutenant Boukoumbi ont aussi révélé que chaque soldat de l’armée avait reçu des primes d’environ 6 500 F CFA (10 euros) à la mort d’Omar Bongo mais que ceux de la GR en avaient reçu 75 000 F CFA (115 euros). « La GR est en quelque sorte chouchoutée », a concédé le lieutenant Boukoumbi. Selon une source proche de l’armée, il s’agit d’une pratique courante pour s’assurer « la fidélité des troupes » lors de « périodes chaudes ». (Avec AFP)

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