André Mba Obame, président autoproclamé, s’insurge après la dispersion de ses partisans

André Mba Obame, s’insurge contre la dispersion de ses supporteurs devant le siège du Pnud à Libreville, par les forces de l’ordre jeudi matin. Il s’y est réfugié mardi après s’être autoproclamé président sur sa chaîne de télévision privée.

L’opposant André Mba Obame à son arrivée à l’aéroport de Libreville, le 30 décembre 2010. © AFP

L’opposant André Mba Obame à son arrivée à l’aéroport de Libreville, le 30 décembre 2010. © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 27 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

André Mba Obame fait feu de tout bois… Et Libreville continue de lui en donner le prétexte. Ce jeudi matin, à l’aube, quelques-uns de ses partisans, qui avaient entamé un sit-in devant le siège du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) (il s’y est abrité depuis deux jours après s’être autoproclamé président du Gabon) ont été dispersé par les forces de l’ordre. Ils avaient installé une tente, des chaises en plastique et des appareils de sonorisation.


Le campement installé devant le PNUD à Libreville par des
partisans d’André Mba Obame, avant sa dispersion.
©AFP

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L’intervention a été menée vers 5 heures du matin par des « gendarmes et des militaires bérets rouges », selon Michel Ongoundou, opposant et « ministre de la Défense » du « gouvernement » du président autoproclamé.

Quelques interpellations

« Il y a eu des tirs de grenades lacrymogènes. Il y a eu des blessés et une trentaine d’arrestations. J’étais sur la terrasse [du bâtiment Pnud, où il a passé la nuit avec Mba Obame et une trentaine de partisans] et j’ai vu deux camions arriver puis une colonne de forces anti-émeute. Immédiatement, ils ont chargé », a-t-il poursuivi.

« Les jeunes [sympathisants] ont crié. Certains ont été blessés et ont escaladé les murs pour se réfugier ici. D’autres ont été pourchassés dans les quartiers avoisinants », a assuré Michel Ongoundou.

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À 6h15, le quartier était bouclé par la police et les forces de l’ordre. Un journaliste de l’AFP, venu couvrir les faits, a été poliment éconduit. Sur le bilan de cette opération, un responsable du ministère de l’Intérieur a simplement concédé qu’il était « possible qu’il y ait eu des interpellations ». « Mais si ces gens sont de simples sympathisants, ils ne resteront pas en prison », a-t-il ajouté.

Joint au téléphone, André Mba Obame s’est insurgé : « C’est de l’irresponsabilité totale. Vous savez que ce genre d’actes entraînent souvent des conséquences incalculables. Il n’y avait vraiment pas besoin de ça. C’est un comportement similaire qui avait déclenché des émeutes à Port-Gentil », a-t-il déclaré. Faisant référence aux émeutes postélectorales de septembre 2009 qui avaient fait trois morts selon les autorités (cinq selon l’opposition) dans cette ville qui dispose de nombreuses installations pétrolières.

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"ABO va assumer"

« Le 3 septembre 2009, c’était déjà ça: des Bérets rouges… C’est Ali [le président Ali Bongo Ondimba] qui est en tête puisque c’est lui qui pilote directement la Défense et la sécurité. Il faut qu’il assume, il va assumer », a-t-il promis.

« C’est l’escalade : on veut traduire les gens devant la haute juridiction, radier les fonctionnaires, on dissout le parti, on suspend TV+. Maintenant, on vient agresser inutilement et sauvagement des militants qui faisaient un sit-in pacifique, qui ne gênaient personne, même pas la circulation. À 5h du matin! », a ajouté André Mba Obame.

Sur décision du ministère de l’Intérieur, le parti de la coalition de l’opposition dont il est une figure, l’Union nationale (UN), a été dissous avec effet immédiat pour avoir « violé gravement la Constitution » et commis un acte de « haute trahison ». André Mba Obame et ses collaborateurs encourent des poursuites judiciaires et une radiation de la Fonction publique, a indiqué le ministre.

Quant à TV+, sa chaîne privée, qui avait diffusé et rediffusé sa prestation de serment sur la Constitution gabonaise mardi, elle a été suspendue pour trois mois par le Conseil national de la communication (CNC).

André Mba Obame fonde notamment sa légitimité sur les propos tenus par Michel de Bonnecorse, ex-conseiller Afrique du président français Jacques Chirac, dans un documentaire diffusé par France 2. Il y affirmait que les résultats obtenus par Ali Bongo Ondimba (arrivé en tête) et André Mba Obame (troisième) à la présidentielle de 2009 avaient été inversés.

Michel de Bonnecorse s’était ensuite rétracté évoquant une déformation de ses propos après le « montage ». (avec AFP)

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