Violences et irrégularités marquent les élections législatives
À un an de la présidentielle, les élections législatives dont le premier tour s’est déroulé dimanche doivent être l’occasion pour le pouvoir de montrer sa force, alors que le président Moubarak, 82 ans, est sur le point de passer la main. Le scrutin a été marqué par de nombreuses violences et irrégularités dans lesquelles les forces de l’ordre sont souvent suspectées d’être impliquées.
Drôle de scrutin, à la fois peu suivi par la population et objet d’une lutte acharnée entre le pouvoir et l’opposition. Alors que les Égyptiens étaient plutôt rares dans les isoloirs pour des législatives jugées gagnées d’avance par le parti du président Hosni Moubarak (le Parti national démocrate, PND), plusieurs manifestations et accusations d’irrégularités ont marqué le déroulement du scrutin, dimanche.
La liste des violences est longue, de nombreux incidents étant liés au refus de laisser entrer dans les bureaux de vote les délégués des candidats islamistes (Frères musulmans) ou indépendants, censés surveiller les opérations électorales. « Dès le tout début du vote, il y a eu toute une série d’irrégularités et une utilisation de la force qui menacent le processus électoral », affirme un communiqué de la Coalition égyptienne pour la surveillance des élections, qui fait déjà état de plusieurs cas de bourrage d’urnes et de votes achetés.
Agressions multiples
Une autre organisation non-gouvernementale, la Coalition indépendante pour l’observation (CIO), a quant à elle rendu compte de multiples agressions « contre des candidats, leurs représentants ou des journalistes » par les forces de l’ordre qui, apparemment, n’ont pas utilisé que des gaz lacrymogènes. La CIO a également assuré des « criminels ont été utilisés pour attaquer des candidats et leurs partisans ».
Certains cas sont en effet troublants. Un jeune homme de 24 ans, Omar Sayyed Sayyed, a par exemple été tué d’un coup de poignard dans la nuit de samedi à dimanche alors qu’il collait des affiches pour son père, Sayyed Sayyed Mohamed, un candidat indépendant dans le nord-est du Caire. La famille estime que le meurtre est lié aux élections, mais la police soutient – sans éléments probants – qu’il s’agit d’une simple « dispute privée ».
Le président égyptien Hosni Moubarak vote au Caire, le 28 novembre 2010.
© AFP / Mena
Blessés par balle
À Samanoud, dans le delta, des heurts entre Frères musulmans et force de l’ordre ont aussi fait plusieurs blessés, selon des sources au sein des services de sécurité. Mais dans plusieurs villes du pays, de nombreux affrontements entre partisans de différents candidats ont été rapportés, sans que les autorités ne soient suspectées d’y être impliquées. Il y a notamment un blessé par balle près de Mansourah, dans le delta du Nil, et trois autres à Sohag, en moyenne-Égypte, selon des sources de sécurité.
Quelque 40 millions d’électeurs, sur 82 millions d’Égyptiens, étaient appelés à renouveler l’Assemblée du peuple qui compte 518 sièges – 508 ouverts au vote et dix attribués par le président Hosni Moubarak. Les États-Unis ne sont pas parvenus à obtenir la présence d’observateurs internationaux, une demande vivement rejetée par l’Égypte comme une « ingérence étrangère ».
La confrérie islamiste des Frères musulmans, principal parti d’opposition officiellement interdit mais toléré dans les faits, soutient 130 candidats se présentant comme « indépendants ». Mais il a dénoncé une vaste campagne d’arrestations et d’intimidations de la part du pouvoir à l’encontre de ses militants au cours des dernières semaines. Les bureaux de vote ont fermé à 19h00 locales (17h00 GMT), et les résultats sont attendus ce lundi ou mardi, selon des sources officielles. Le second tour est prévu le 5 décembre. (Avec AFP)
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