Francis Wodié : « Nous ferons au moins 15 % à la présidentielle »

Avec lui, pas de propos de va-t-en guerre, le ton est calme et mesuré. Pour la troisième fois candidat à l’élection présidentielle ivoirienne, Francis Vangah Wodié a exposé à jeuneafrique.com ses chances de succès et sa vision de la campagne électorale. Rencontre.

Francis Wodié, le 5 octobre à Paris. © Vincent Fournier pour J.A.

Francis Wodié, le 5 octobre à Paris. © Vincent Fournier pour J.A.

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 13 octobre 2010 Lecture : 2 minutes.

Comme ses rivaux, Francis Vangah Wodié est persuadé que l’élection présidentielle ivoirienne du 31 octobre est dans sa dernière ligne droite. « C’est la bonne date et il faut que ce soit la bonne date », affirme le président et candidat du Parti ivoirien des travailleurs (PIT).

Candidat malheureux en 1995 et 2000 (3,8 % et 5,7 % des voix), l’ancien professeur en droit – et doyen de la faculté d’Abidjan – pense que son long parcours de militant fera de lui, aux yeux des Ivoiriens, l’homme de la situation pour gérer l’après-crise en Côte d’Ivoire.

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« La crise politique des dernières années […], la corruption qui gangrène le pays, font que les résultats de la présidentielle ne seront pas ceux des précédentes élections », assure-t-il posément. Pour l’instant, il n’est pas question d’alliance ni d’un éventuel report de voix. « Nous allons faire au moins 15 % et nous serons là au deuxième tour », assure-t-il.

Éternel jeune-homme de 74 ans

Avec ses faux airs de prêtre et son visage d’éternel jeune-homme de 74 ans, Francis Wodié séduit ses partisans par son calme et ses propos mesurés, mais irrite aussi ses adversaires par son ton docte et posé, parfois jugé froid et condescendant.

Il y a cependant une chose que ses détracteurs ne peuvent lui renier : son long et brillant CV. Militant dès 1960 au sein de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF), il est expulsé l’année suivante vers son pays natal, mais réussit à regagner l’Hexagone pour y finir ses études.

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Catalogué comme agitateur par le régime de Houphouët Boigny, il est harcelé par ce dernier lors de ses séjours en Côte d’Ivoire. Emprisonné plusieurs fois, il commence à enseigner en 1966 et fonde quatre ans plus tard le puissant Syndicat national de la recherche et de l’enseignement supérieur (Synares), avant de s’exiler en Algérie en 1973. 

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Le gouffre qui le sépare de Gbagbo

Revenu au pays, il participe en 1985-1987 à la fondation de la section ivoirienne d’Amnesty international puis de la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (Lidho). Avec l’avènement du multipartisme, sa longue carrière de militant prend un tournant en 1990, quand il crée le PIT avec lequel il est élu député et qui lui vaudra d’être nommé ministre de l’Enseignement supérieur de 1998 à 1999, du temps du président Henri Konan Bédié.

Dans le marigot politique d’Abidjan, il côtoie alors un certain Laurent Gbagbo avec lequel il partage des idéaux de gauche. « Nos théories ne sont pas très éloignées, concède-t-il. Mais en pratique, le gouffre qui nous sépare est infranchissable. » Pour lui, le chef de l’État est plutôt un « chef de clan », trop « populiste ». Si celui-ci est élu, la participation de Wodié au gouvernement paraît donc difficilement envisageable…

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Francis Wodié, au siège de « Jeune Afrique », le 5 octobre. © Vincent Fournier/J.A.

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