La mutinerie matée
Après une journée de fièvre dans le centre d’Antananarivo, les forces de sécurité loyalistes ont affirmé dans la soirée avoir mis fin à la mutinerie de la Force d’intervention de la gendarmerie nationale. Bilan : deux morts.
L’armée et la gendarmerie malgaches, réunies au sein des forces de sécurité fidèles au pouvoir, avaient maté, jeudi 20 mai au soir, la rébellion de certains membres du corps d’élite de la gendarmerie, la Force d’intervention de la gendarmerie nationale (FIGN), au terme d’une journée de violents affrontements qui ont fait au moins deux morts au cœur de la capitale.
« Il y a deux morts », un gendarme de la FIGN et un soldat loyaliste, a indiqué dans la soirée, au cours d’une conférence de presse le Premier ministre et ministre des Forces armées, Camille Vital, revêtu pour l’occasion d’un treillis militaire.
Les mutins en fuite
Le principal échange de tirs est intervenu vers 10 h 45 (7 h 45 GMT) lorsque les forces de sécurité ont donné l’assaut contre les barrages mis en place par la FIGN. Les échanges de tirs, intenses pendant une heure, se sont faits plus sporadiques vers midi. En fin d’après-midi, les forces de sécurité ont investit la caserne où étaient retranchés les mutins.
« On a terminé l’assaut », a indiqué le commandant des forces de sécurité dirigeant les opérations contre les mutins, le colonel Richard Ravalomanana. « Il n’y a pas de prisonniers. Les autres [les mutins] se sont enfuis. Les forces régulières occupent » la base des FIGN, la caserne de Fort Duchesne, a-t-il ajouté. Trois civils et deux membres des forces de sécurité sous son commandement ont été blessés, a précisé le colonel.
Camille Vital a assuré que « la situation est maîtrisée et toutes les dispositions nécessaires pour maintenir la sécurité dans la capitale et ses environs sont en vigueur », dénonçant « avec véhémence les ingérences et manipulations ourdies par des politiques hostiles » au régime en place.
Affaire d’argent liée à l’ancien président
Les mutins avaient entamé, mercredi soir, un mouvement de contestation, notamment contre leur hiérarchie, en érigeant des barrages filtrants à proximité de leur caserne. Leur revendication principale porte sur une affaire d’argent au sein de la gendarmerie. Le président évincé de Madagascar, Marc Ravalomanana, a reconnu publiquement avoir versé près de 190 000 euros début 2009 à la hiérarchie de la gendarmerie. Il était alors confronté au mouvement populaire emmené par son rival, Andry Rajoelina. Les mutins reprochent à leur ancien numéro 2, le général Bruno Razafindrakoto, devenu entre-temps commandant de la gendarmerie nationale après la prise du pouvoir d’Andry Rajoelina, de ne pas avoir redistribué cet argent.
Par ailleurs, les mutins entendaient assurer la protection, jeudi à proximité de leur caserne, d’un rassemblement interdit du Mouvement des ecclésiastiques, des pasteurs protestants favorables à Marc Ravalomanana.
Madagascar est plongée dans une crise depuis fin 2008. Elle a conduit à l’éviction, en mars 2009, de Marc Ravalomanana et à son remplacement par Andry Rajoelina, alors soutenu par l’armée. Début mai, M. Rajoelina n’a pu obtenir un soutien clair des forces de sécurité pour mettre en place un gouvernement « neutre » accordant plusieurs postes à des militaires. (avec AFP)
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