Énergie : montée en puissance de la Côte d’Ivoire pour 2013

La capacité de la centrale thermique d’Azito sera portée à 450 MW d’ici à 2013. De quoi assurer l’indépendance énergétique de la Côte d’Ivoire et lui permettre d’exporter vers les États voisins.

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Publié le 7 décembre 2011 Lecture : 3 minutes.

La Côte d’Ivoire vivait dans la hantise des délestages électriques. D’ici à la fin 2013, avec le troisième groupe de la centrale thermique d’Azito (commune de Yopougon, à Abidjan), le pays devrait disposer de ressources énergétiques suffisantes pour faire face à une demande sans cesse croissante. Azito III va fournir 150 MW supplémentaires ; avec l’énergie produite par les deux premières turbines à gaz, la capacité totale de la centrale thermique (entrée en service en 1999) atteindra 450 MW. Les travaux d’extension, dont le lancement a été annoncé en octobre par le président Alassane Ouattara, vont débuter en décembre et durer deux ans. Le coût de l’extension est estimé à 208 milliards de F CFA (317 millions d’euros). Le financement est assuré par la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale), et par les partenaires financiers d’Azito Énergie, l’entreprise qui opère la centrale.

Les principales sources énergétiques (centrales hydroélectriques et thermiques) ivoiriennes ont une capacité de production totale de 1 390 MW. Cependant, du fait de l’interconnexion et des pertes d’énergie dues à la fraude, la puissance disponible aux heures de pointe (entre 19 heures et 22 heures) est de 856 MWh, alors que la demande nationale sur cette plage horaire culmine à 876 MWh. Le déficit s’élève donc à 20 MWh. Il sera largement comblé par Azito III.

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L’Afrique de l’Ouest survoltée

Le troisième groupe de la centrale d’Azito n’est pas le seul chantier programmé en Côte d’Ivoire. La construction d’un barrage hydroélectrique à Soubré, d’une capacité de 275 MW, fait partie des projets du gouvernement ; l’investissement est évalué à 300 millions d’euros.

Mais c’est dans toute l’Afrique de l’Ouest que d’importantes installations ont vu ou verront le jour pour contrer les délestages. Après des travaux de réhabilitation, la centrale thermique d’Egbin, dans la banlieue de Lagos, devrait atteindre en décembre une capacité de 1 200 MW. Au Nigeria toujours, à Obité, une centrale de 430 MW alimentée en gaz naturel fournira ses premiers kilowattheures d’ici deux à trois ans. Au Ghana, la centrale d’Aboadze, d’une capacité de 400 MW et qui utilisera, comme Azito III, la technique du cycle combiné, ne sera mise en service qu’en 2014. Et au Togo, la centrale thermique de Lomé, exploitée par l’américain ContourGlobal depuis 2010, doit atteindre à terme une capacité maximale de 100 MW.

Bourse régionale

Mieux : à en croire Alassane Ouattara, le projet va permettre « non seulement de fournir de l’électricité à moindre coût pour soutenir la relance économique, mais également de faire face [aux] engagements envers les pays voisins [Mali et Burkina Faso, notamment, NDLR] avec lesquels [la Côte d’Ivoire a] signé des accords pour leur fournir de l’électricité ». L’ambition d’Abidjan est de créer, d’ici à cinq ans, une Bourse régionale de l’électricité pour favor

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iser l’interconnexion entre les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Le plan d’extension avait pris un nouvel élan il y a quelques mois. Globeleq – le producteur britannique d’électricité spécialisé dans les pays émergents (gérant une capacité de 4 000 MW dans plus de 20 États) et qui compte dans son capital CDC Group, la banque de développement du Commonwealth – a repris fin mars la participation d’EDF, puis en juin celle de l’équipementier suisse ABB dans le capital d’Azito Énergie (32,85 % du capital chacun) pour en devenir l’actionnaire majoritaire. Selon Mikael Karlsson, directeur général de la société Globeleq, après la réalisation de la phase 3, la centrale thermique de Yopougon sera la plus moderne et la plus puissante d’Afrique de l’Ouest.

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Azito III va en effet utiliser une technique de cycle combiné : une turbine à vapeur est ajoutée aux turbines à gaz afin de réutiliser les gaz de combustion pour produire de l’énergie. « Cela permettra de produire plus d’électricité sans augmenter la consommation de gaz », explique Pascal Drouhaud, directeur adjoint chargé de l’Afrique subsaharienne du groupe Alstom, partenaire financier d’Azito Énergie et fournisseur de la technologie.

Grâce à cette technique, le pays devrait « réaliser une économie sur la consommation de gaz de l’ordre de 20 milliards de F CFA par an », selon Adama Toungara, ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie.

Afin de profiter pleinement du surcroît de puissance apporté par Azito III, la Côte d’Ivoire doit cependant résoudre les difficultés liées au transport de l’électricité avant la mise en service des nouvelles turbines. Les lignes de grand transit n’ont qu’une capacité limitée, et de nombreuses lignes 90 kV à Abidjan sont en surcharge. C’est aussi le cas de plusieurs transformateurs de puissance, dans la capitale économique comme à l’intérieur du pays. « Le gouvernement y travaille », répond-on au ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie.

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