Michel Wormser : « L’Afrique, c’est 50 % des nouvelles activités de Miga »

L’Agence multilatérale de garantie des investissements (Miga) apporte des garanties aux entreprises qui investissent en Afrique. De passage à Paris, son vice-président et responsable des opérations a répondu aux questions de Jeune Afrique.

Miga dépend de la Banque mondiale. © DR

Miga dépend de la Banque mondiale. © DR

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 11 juin 2013 Lecture : 4 minutes.

Propos recueillis par Stéphane Ballong

Jeune Afrique : Miga fête ses 25 ans cette année. Quel bilan peut-on dresser de ses activités à cette occasion ?

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Michel Wormser : En vingt-cinq ans, Miga a apporté plus de 27 milliards de dollars de garanties pour des investissements dans plus de 100 pays du monde. Ceci dans des secteurs divers comme l’agro-industrie, les Télécom, l’énergie ou encore les infrastructures. Nous avons dix milliards de dollars d’encours de garanties dont 40 % sont réassurés sur les marchés. Et la demande ne cesse d’augmenter sur l’Afrique qui représente aujourd’hui 50 % de nos nouvelles activités… C’est un continent qui intéresse beaucoup d’investisseurs, pas seulement les traditionnels. Pour aider les investisseurs en provenance de l’Asie, nous avons ouvert une antenne à Singapour, nous avons aussi une présence en Corée du Sud, au Japon à Hong Kong, en Chine etc… Objectif : aider ces investisseurs nouveaux qui connaissent moins bien la région à venir créer des emplois, contribuer à la mise en place des infrastructures de base, avec justement des garanties Miga.

Nous intervenons aussi au Moyen-Orient, où nous avons récemment créé une facilité d’un milliard de dollars réservée aux pays de cette région. Nous avons fait des investissement cette année en Libye, en Egypte, en Tunisie et nous nous intéressons aussi à l’Irak. En somme, nous n’hésitons pas à aller dans des pays qui sont considérés comme à risque mais qui présentent des opportunités aux investisseurs.

La demande sur l’Afrique ne cesse de croître, dites-vous. Mais dans quels secteurs ?

Les principaux secteurs demandés aujourd’hui sont les infrastructures, l’énergie, le domaine des ports et des routes, en particulier pour les pays qui les mettent en concessions. Dans les pays fragiles post-conflits, les activités manufacturières qui créent des emplois comme dans l’agro-industrie, viennent en premier lieu. Au cours de ces deux dernières années, la demande dans les pays fragiles a triplé. Un dixieme de notre encours de garantie est dans ces pays là.

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En Côte d’Ivoire, nous avons octroyé près de 700 millions de dollars de garanties depuis la fin de la crise.

Vous venez d’adopter une facilité en vue de renforcer vos interventions dans les pays fragiles post-conflits. De quoi s’agit-il?

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Il y a quelques années la Banque mondiale a sorti un rapport sur le développement qui montrait l’importance d’une intervention rapide dans les pays fragiles post-conflits. Il est clair que le secteur privé a un rôle à jouer et que la création d’emplois est un facteur clé de stabilité au moment où ces pays sortent de crise. Miga peut aider à l’émergence du secteur privé en garantissant les investisseurs contre les grands risques qui peuvent subsister après ces crises.

Nous avons cette annee créé une nouvelle facilité destinée aux pays fragiles. Initialement, cette facilité qui sera abondé par des pays donateurs, permettra d’avoir une couche de premier risque d’environ 100 millions de dollars ce qui nous permettra de prendre 400 millions de dollars de plus de risque dans les pays fragiles. Durant la vie de cette facilité (environ quinze ans), on peut espérer qu’environ deux milliards d’investissements de plus seront réalisés dans ces pays.

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Comment entrez-vous en contact avec les investisseurs ?

Dans certains cas, par le biais des gouvernements. Il y a quelques temps, le Rwanda nous a par exemple invité à une conférence qu’il organisait sur le thé et l’ horticulture. Nous avons à cette occasion pu présenter aux investisseurs comment Miga pouvait les aider à s’installer dans ce secteur qui est en train d’être réformé.

Dans d’autres cas, et le plus souvent, ce sont les investisseurs eux-mêmes qui viennent nous voir pour nous demander de les soutenir dans leurs projets. Sur la Côte d’Ivoire par exemple, ils nous demandent souvent une garantie contre le risque politique. Ils savent que le pays est en train de sortir de crise. Mais ils voudraient tout de même être rassurés sur d’éventuels changements en se garantissant contre les risques d’expropriation, de guerre ou encore de troubles civiles.

En apportant ces garanties, n’entrez-vous pas de fait en concurrence avec les opérateurs privés…

Nos produits sont un peu différents parce que nous proposons des garanties sur des durées plus longues, on peut aller jusqu’à 15 ans et 20 ans. C’est très rare de trouver ce genre de couverture sur le marché privé qui propose des garanties de 5 à 8 ans, plus rarement de 10 ans. Or dans certains domaines comme les infrastructures, les besoins sont souvent de longue duree. On travaille avec des assureurs privés, via un programme de réassurance. C’est à dire que nous prenons certains risques qui sont ensuite réassurés auprès de compagnies privées. Comme c’est le nom de Miga qui est mis en avant, les réassureurs acceptent sous notre égide de prendre des risques qu’ ils ne prendraient pas tout seul.

Vous avez été très présents en Côte d’Ivoire ces dernières années. Allez-vous intervenir dans d’autres pays de la sous-région prochainement ?

En Côte d’Ivoire, nous avons en effet octroyé près de 700 millions de dollars de garanties depuis la fin de la crise (l’extension de la centrale d’Azito, le troisième pont d’Abidjan, le developpement de champs gaziers au large du pays…). Ces garanties ont permis de mobiliser plus de deux milliards de dollars d’investissement dans le pays au sortir de la crise. Et au Nigeria nous sommes actuellement en discussions avec plusieurs investisseurs qui sont prêts à s’installer dans ce pays pour transformer le gaz en électricité.

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