De la rareté du « putschiste vertueux »

Christophe Boisbouvier

Publié le 24 mars 2011 Lecture : 1 minute.

Pas facile d’abandonner le pouvoir quand on l’a pris au risque de sa vie. Il y faut une certaine abnégation. C’est pourquoi le « putschiste vertueux » se fait rare. On pense au Malien Amadou Toumani Touré (ATT), qui s’est emparé du pouvoir en 1991 et l’a rendu dix-huit mois plus tard. Et tout récemment, bien sûr, au Guinéen Sékouba Konaté. Mais il ne faut pas oublier, entre autres :

1. Le Nigérian Olusegun Obasanjo. Arrivé au pouvoir en 1976, il a été le premier officier de son pays à le rendre à un civil, en 1979.

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2. Le Ghanéen Jerry Rawlings. Deux fois putschiste (1979 et 1981), il s’est retiré en 2001, au terme de deux mandats.

3. Le Burundais Pierre Buyoya. Deux fois putschiste lui aussi (1987 et 1996), il s’est effacé en 2003.

4. Le Nigérien Daouda Malam Wanké. Huit mois de pouvoir, seulement, en 1999, de l’assassinat du général Baré à l’élection de Tandja.

5. Le Mauritanien Ely Ould Mohamed Vall. Vingt mois de règne, du putsch de 2005 à l’élection de 2007.

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Évidemment, une telle abnégation confère à ces ex-putschistes une vraie respectabilité. ATT est devenu médiateur en Centrafrique, avant de revenir au pouvoir par les urnes. Buyoya joue aussi les arbitres, pour l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Rawlings est envoyé spécial de l’Union africaine (UA) en Somalie, et Konaté haut représentant de l’UA. Vall est à la Fondation Chirac, tandis qu’Obasanjo truste à peu près tout, des médiations (RD Congo, Côte d’Ivoire) aux comités (Africa Progress Panel, etc.). Seul Wanké a été mis en quarantaine – jusqu’à sa mort, en 2004. Il est vrai qu’il avait liquidé son prédécesseur.

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