La métamorphose du pays des hommes intègres

Cinquante ans après son indépendance, le Burkina Faso, longtemps qualifié de petit État pauvre et enclavé, est devenu un carrefour diplomatique, commercial et culturel.

Rizières au pied de Sindou, dans le sud-ouest de pays. © D.R.

Rizières au pied de Sindou, dans le sud-ouest de pays. © D.R.

Publié le 29 novembre 2010 Lecture : 4 minutes.

Il était une fois le Burkina…
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Il était une fois le Burkina…

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Le 5 août 1960, quand il accède à son indépendance sous le nom de Haute-Volta, le Burkina Faso fait figure de pays pauvre et enclavé, dont l’économie repose principalement sur une agriculture villageoise traditionnelle. Cinquante ans plus tard, il s’affiche comme un carrefour diplomatique, culturel et commercial, bien ancré au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont Ouagadougou, sa capitale, abrite le siège. Une réussite à mettre sur le compte d’une stratégie qui a su transformer en atouts les handicaps, liés notamment à l’enclavement et à l’aridité du climat, pour s’appuyer sur le potentiel du pays afin de diversifier les bases de son économie.

Situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso est éloigné de plus de 500 km des côtes du golfe de Guinée. Un enclavement qui le met à la merci des pays côtiers pour ses échanges maritimes. Mais ce positionnement géographique, aux marges du Sahel, n’a pas que des inconvénients, puisque, depuis des siècles, il fait du Burkina Faso un carrefour et un trait d’union entre les États côtiers au sud (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo et Bénin) et les pays sahélo-sahariens au nord (Niger, Mali).

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Restait à construire un réseau routier moderne, bien relié aux pays voisins, pour conforter cette vocation millénaire. C’est pratiquement chose faite aujourd’hui. Et les liaisons aériennes suivent, l’objectif des autorités burkinabè étant que Ouagadougou devienne un hub aérien sous-régional. Outre les travaux de modernisation et d’extension de l’aéroport international de la capitale, quasiment achevés, la construction d’un nouvel aéroport à Donsin (à 35 km au nord de Ouagadougou) est à l’étude.

Agropastoral et fier de l’être

Bien que l’or soit devenu en 2009 le premier produit d’exportation en valeur, avant le coton-fibre, le bétail et les fruits et légumes, l’économie repose d’abord sur l’agriculture et l’élevage, qui représentent 35 % du produit intérieur brut (PIB), font vivre 60 % de la population et dont les productions approvisionnent l’industrie et l’artisanat locaux.

Si le coton, dont les 600 000 tonnes produites placent le Burkina Faso au premier rang des producteurs d’or blanc d’Afrique subsaharienne, est le produit phare des exportations agricoles, récemment, les céréales et les produits maraîchers ont fait une petite percée sur les marchés de la sous-région. Une tendance que souhaitent renforcer les autorités, qui veulent faire du pays le grenier du Sahel et exporter le plus possible de céréales transformées.

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Dans le domaine des services, dont la contribution au PIB est proche de 40 %, l’accent a été mis sur l’organisation de grandes rencontres internationales, tant politiques qu’économiques et culturelles, dont le coup d’envoi a été donné, dès février 1969, avec le lancement du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), suivi, en février 1988, par celui du désormais célèbre Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao).

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Evénementiel et médiations

Depuis, la liste des festivals, des salons, des congrès et autres manifestations ne cesse de s’allonger. Ainsi, au fil des ans, le Burkina Faso est-il devenu la plaque tournante de grands rendez-vous de toutes sortes, une situation assez unique dans la région. À la satisfaction des professionnels du tourisme et de l’hôtellerie, et des promoteurs culturels.

Sur le plan diplomatique, le Burkina Faso s’est distingué, ces vingt dernières années, dans le règlement des conflits qu’ont connus certains de ses voisins : rébellion touarègue au Mali et au Niger, et crise togolaise dans les années 1990, crises ivoirienne et guinéenne dans les années 2000… Un rôle qui positionne le Burkina Faso comme le leader sous-régional en matière de médiations.

Des progrès sensibles

Est-ce à dire que tout va pour le mieux au pays des Hommes intègres ? Loin s’en faut. Plus de 40 % de la population reste pauvre, notamment en milieu rural, où bien des zones ne disposent pas encore d’électricité ni d’eau potable. Cependant, de sensibles progrès ont été réalisés dans le domaine de la santé, de l’éducation et des infrastructures de base.

Le Burkina Faso se distingue – et pour la deuxième année consécutive – dans le classement « Doing Business » 2011 de la Banque mondiale, rendu public début novembre, comme étant le premier pays réformateur en matière de climat des affaires parmi les 8 pays de l’UEMOA et les 16 États membres de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada). Le pays progresse de 3 places, se positionnant au 151e rang sur 183 pays et se hissant au 4e rang dans le top 10 des économies les plus dynamiques en matière de réforme du climat des affaires, derrière la Géorgie, le Rwanda, la Biélorussie, et devant l’Arabie saoudite, le Mali, le Kirghizistan, le Ghana, la Croatie et le Kazakhstan.

Autant d’acquis qui lui permettent de fêter sans trop d’états d’âme le cinquantenaire de son indépendance, qui sera célébré le 11 décembre à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, située non loin de la frontière ivoirienne.

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