Un « superflic » en prison

Jackie Selebi, l’ex-chef de la police, a été condamné à quinze ans de détention pour corruption.

À la sortie du tribunal, le 3 août, à Johannesburg. © Themba Hadabe/AP/Sipa

À la sortie du tribunal, le 3 août, à Johannesburg. © Themba Hadabe/AP/Sipa

Publié le 10 août 2010 Lecture : 1 minute.

Au générique de cette saga façon Corleone : un magnat des mines et amateur d’art, Brett Kebble, un flamboyant parrain de la drogue, Glenn Agliotti, et le directeur de la police nationale, Jackie Selebi. Le premier a été assassiné en 2005 – ou plutôt assisté dans son suicide. Le deuxième, ami du premier et déjà condamné pour trafic de stupéfiants, est devant les juges pour répondre de ce meurtre. Le troisième, ami du deuxième, a été condamné le 3 août à quinze ans de prison pour corruption.

Premier flic du pays entre 2000 et 2008, mais aussi ancien directeur d’Interpol, Jackie Selebi a été reconnu coupable d’avoir accepté des pots-de-vin de la part du « crime organisé », autrement dit de la mafia locale. Le juge qui a prononcé la peine, Meyer Joffe, lui a reproché de n’avoir pas fait preuve d’une once de remords et d’avoir, durant les onze mois qu’a duré le procès, menti et fabriqué des preuves pour s’innocenter.

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La famille de Jackie Selebi a dénoncé « un procès digne de l’apartheid », un argument encore souvent évoqué quand le juge est blanc, l’accusé noir et la sentence sévère. Mais l’ensemble de la classe politique, y compris le parti au pouvoir et ses alliés, a salué le verdict.

En liberté sous caution, Jackie Selebi fera appel. Son ami Glenn Agliotti est, lui, encore devant les juges pour répondre de sa participation dans le meurtre de Brett Kebble, qui était proche du Congrès national africain (ANC). Agliotti aurait acheté la protection de Selebi pour un peu plus de 1 million de rands (100 000 euros). L’ancien directeur de la police a expliqué qu’Agliotti était non seulement un ami, mais aussi un précieux « indic ».

L’affaire pourrait connaître encore quelques rebondissements, cette fois purement politiques. Proche de Selebi, l’ancien président Thabo Mbeki avait renouvelé sa confiance au chef de la police, alors qu’il faisait déjà l’objet d’une enquête, et trouvé un prétexte pour évincer le chef de l’unité spéciale chargée du dossier.

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