L’APD victime de la crise
Discrètement, l’État français a annoncé qu’il allait geler l’aide au développement pour les trois années à venir.
La pause estivale était sans doute le meilleur moment pour annoncer en catimini le gel de l’aide publique française au développement (APD) entre 2011 et 2013. Après un bon cru 2009 (environ 10 milliards d’euros, soit 0,46 % du revenu national brut), cette décision était prévisible en raison de la crise économique et de la réduction des dépenses de l’État qu’elle induit.
En 2002, le président Jacques Chirac s’était pourtant engagé à porter la part de l’APD à 0,7 % en 2012 – objectif ultérieurement repoussé à 2015. Premier renoncement. En 2009, Nicolas Sarkozy, son successeur, avait juré que l’aide « ne serait pas la variable d’ajustement de la dépense publique ». Deuxième renoncement. Selon le collectif d’ONG Coordination Sud, la facture du premier coup de canif s’élève à 12 milliards d’euros, auxquels il convient donc à présent d’ajouter un peu plus de 3 milliards.
« La France fait payer aux populations les plus pauvres les frais de la crise financière, alors qu’elles n’y sont pour rien », s’indigne Bernard Pinaud, délégué général du CCFD-Terre solidaire. C’est vrai si l’on considère que seul le don permet de lutter contre la pauvreté. Ça l’est beaucoup moins si l’on observe, par exemple, que sur les 6,2 milliards d’euros d’engagements de l’Agence française de développement (AFD) en 2009 (+ 300 % depuis 2001), seuls 271 millions d’euros venaient de subventions allouées par Bercy.
Il va de soi que cette enveloppe est notoirement insuffisante si la France entend construire des écoles, des hôpitaux et des routes en Afrique. Mais ce décalage sans cesse accru entre l’APD affichée et les politiques publiques de développement, qui s’appuient sur d’autres leviers (prêts, garanties, prises de participation, etc.), incite à s’interroger sur la pertinence de ce fichu indicateur.
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