Cacao : transaction record
Anthony Ward est un excellent joueur de poker. Ancien trader suspecté d’avoir appartenu aux services secrets britanniques, le patron du fonds d’investissement Armajaro vient de réaliser une nouvelle manipulation, destinée à faire monter les cours du cacao, qui ont atteint un niveau inégalé depuis 1977 (3 264 euros la tonne au plus haut, le 15 juillet 2010).
Cela fait plusieurs mois que les spécialistes sentaient venir le coup. Armajaro détenait une position longue sur le marché à terme de Londres : il avait acheté des quantités importantes de cacao, livrables au mois de juillet. On ne sait, en raison de l’opacité du marché londonien, combien de tonnes ont été revendues avant l’échéance, mais la société a débloqué près de 780 millions d’euros pour acquérir 240 100 t de vraies fèves actuellement stockées dans plusieurs villes européennes. Cela représente 6,3 % de la production annuelle mondiale et la plus grosse transaction physique sur ce marché depuis 1996. Du coup, les industriels craignent de manquer de fèves pour faire tourner leurs usines. Seize d’entre eux, en Europe, ont écrit à la Bourse de New York pour se plaindre de ces mouvements spéculatifs sur la matière première.
En août 2002, le trader avait déjà acheté 204 000 t de fèves et réalisé un bénéfice de plus de 60 millions d’euros en les vendant deux mois plus tard, alors que les prix s’étaient envolés dans le sillage de son achat et du coup d’État de septembre 2002 en Côte d’Ivoire. Anthony Ward y avait gagné le surnom de « Chocolate Finger ».
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