Armées d’occasion

Christophe Boisbouvier

Publié le 19 juillet 2010 Lecture : 2 minutes.

Le défilé du 14 juillet, ce n’est pas qu’une parade pour faire joli. C’est aussi l’occasion pour les Français de présenter leurs modèles d’armes dernier cri et d’essayer de les vendre. Mais il n’est pas sûr que les Africains soient preneurs. Souvent, ceux-ci préfèrent acheter du matériel de deuxième main et attendent les « soldes ». Il y a une dizaine d’années, la France a acheté neuf un lot d’hélicoptères légers Gazelle à 5 millions d’euros l’unité. Aujourd’hui, elle les revend à 1,5 million, et la Tunisie saute sur l’occasion. Quelquefois, la transaction se fait à trois. Il y a trente ans, la France a vendu à l’Afrique du Sud plusieurs escadrilles de Mirage F1. Aujourd’hui, la nation Arc-en-Ciel en revend six d’occasion au Gabon.

Mais la nouvelle tendance sur le marché des armes en Afrique, c’est le matériel neuf à bas prix. Champions du monde du discount : les Chinois. En association avec les Pakistanais, ils ont mis au point un avion de chasse et d’entraînement bon marché, le Karakorum (du nom d’un massif qui marque la frontière Chine-Pakistan). Cet appareil fait un malheur. Le Soudan en a acheté douze, le Zimbabwe autant, le Ghana quatre, et l’Égypte… cent vingt. Tout le monde n’a pas les mêmes moyens !

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Avion jetable

Mieux, comme les avions de chasse se transforment assez vite en poulaillers s’ils ne sont pas entretenus, les Chinois proposent aujourd’hui « l’avion jetable ». Ce sont le F7, un dérivé du Mig 21, et le A5, une évolution du vieux Mig 19. Au bout de deux cents heures de vol, la Chine récupère l’appareil pour le remettre à neuf et en livre un autre exemplaire. Le Nigeria en a acheté une douzaine. Le Soudan aussi.

À l’inverse du jetable, les Africains cherchent aussi du robuste. Et, dans ce secteur, les Russes sont les plus forts. Du côté des chasseurs bombardiers, le Sukhoi 25 est une valeur sûre. Tout le monde le connaît depuis le bombardement de Bouaké en 2004 (neuf soldats français tués). La Côte d’Ivoire en avait acheté quatre à la Biélorussie. Pour sa part, le Tchad s’en est procuré trois auprès de l’Ukraine. Sur le marché des hélicoptères de combat, le MI 24 – rendu célèbre par le film américain Rambo III – bat des records de vente. Le Mali, le Burkina Faso, le Tchad et le Congo-Brazzaville, notamment, en ont acquis. Dans le domaine des chars lourds, c’est encore un modèle russe qui tient la corde, le T55. Un blindé conçu… dans les années 1950 !

Enfin, l’électronique commence à compter dans l’armement. Sur les missiles antichars, tel le Milan français, mais aussi à bord des avions de surveillance. Comme beaucoup de pays sahéliens n’ont pas les moyens de s’acheter un Breguet Atlantic, ils s’équipent d’avions légers, voire de drones, munis de capteurs suspendus au-dessous du fuselage pour voir et écouter le rebelle ou le terroriste. Et dans ce domaine, les Israéliens savent vendre.

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Les entreprises israéliennes ont vendu entre autres, des drones Hunter à plusieurs pays africains. © IAI

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