Sans arrêt jusqu’à la sortie

Sur les 1 280 km de l’autoroute est-ouest, 1 000 ont enfin été ouverts à la circulation. Une bénédiction pour les automobilistes. Reportage.

L’autoroute est-ouest, à hauteur du tunnel de Bouira. © Samir Sid

L’autoroute est-ouest, à hauteur du tunnel de Bouira. © Samir Sid

Publié le 16 juillet 2010 Lecture : 2 minutes.

Le paradoxe algérien
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Le paradoxe algérien

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Avec une moyenne de 4 500 décès par an, les routes algériennes figurent parmi les plus meurtrières au monde. En 2009, on a enregistré 4 607 morts pour un parc automobile de 5,8 millions de véhicules, soit 82 décès pour 100 000 voitures, sept fois plus que la moyenne en Europe par exemple. Le taux élevé de mortalité routière s’explique autant par les comportements à risque des automobilistes que par l’état déplorable du réseau routier. Selon Amar Tou, ministre des Transports, « une baisse de près de 30 % du nombre de victimes a été enregistrée au cours du premier semestre 2010 ». Conséquence, sans doute, de l’introduction d’amendements répressifs dans le code de la route, en janvier 2010.

Mais pas seulement. L’ouverture à la circulation de tronçons importants de l’autoroute est-ouest a certainement contribué à réduire le nombre d’accidents meurtriers.

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Qualifié de « projet du siècle », cet axe traversant le nord du pays de la frontière tunisienne à la frontière marocaine sera totalement achevé en fin d’année. Sur les 1 280 km prévus, près de 1 000 ont enfin été ouverts à la circulation. Et cela a forcément changé la vie des automobilistes, qui peuvent ainsi effectuer le trajet d’Alger à Oran, deuxième ville du pays, en quatre heures, contre six auparavant. À une condition : qu’ils fassent le plein de carburant avant…

Pas de station ni d’aire de repos

Car si les ouvrages d’art sont d’excellente facture – le pont d’Oued Rekham, à Bouira, surplombe un paysage magnifique, et l’ascension du col Kandek, à Miliana, est un régal pour les yeux –, l’autoroute manque cruellement de structures d’accompagnement. Pas de station-service ni d’aire de repos. « C’est une situation provisoire, assure Amar Ghoul, ministre des Travaux publics. Près de 1 000 ha sont prévus pour la réalisation de 42 points de vente de carburant, 76 aires de repos et espaces de loisirs, ainsi que 52 points de péage. » C’est Naftal, filiale de Sonatrach, le groupe pétrolier public, qui a arraché le marché de réalisation de la totalité des stations-service.

Autres lacunes constatées : une signalisation approximative et un éclairage quasi inexistant. « Tout cela sera corrigé avant la livraison définitive du projet, au cours du premier trimestre 2011 », répète Amar Ghoul, sans préciser si la facture globale du chantier (11 milliards de dollars, contre 4 milliards initialement prévus) sera une nouvelle fois révisée à la hausse.

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Cependant, le plus gros inconvénient pour les usagers semble tenir au nouveau code de la route, notamment à la limitation de vitesse. La nouvelle réglementation impose de rouler à 80 km/h sur autoroute. « Impossible à respecter ! » s’insurgent les automobilistes, qui pestent contre les radars installés. Ainsi, pour le seul axe Alger-Sétif, on enregistre plus de 1 000 retraits de permis par mois pour excès de vitesse. « Une catastrophe pour les entreprises, raconte Adlène, patron d’une société de transport routier, dont 80 % des chauffeurs se sont vu retirer leur permis. Le plus souvent, les marchandises restent en souffrance en rase campagne à cause de ce genre de problème. »

Toutes les tentatives de ramener le législateur vers plus de flexibilité ont échoué. Le nombre trop élevé de morts incite sans doute les parlementaires à privilégier la prudence.

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