Diplomatie et « green business »

Washington, Berlin, Paris, Tokyo… Depuis six mois, les autorités s’efforcent de promouvoir au plus haut niveau leurs nouvelles ambitions écologiques.

Hillary Clinton et le ministre marocain des Affaires étrangères, le 3 novembre 2009 à Marrakech. © Reuters

Hillary Clinton et le ministre marocain des Affaires étrangères, le 3 novembre 2009 à Marrakech. © Reuters

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Publié le 22 avril 2010 Lecture : 4 minutes.

 © Plateau de l’Atlas marocain
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Maroc : la démarche verte

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Le 2 novembre dernier, la ministre de l’Énergie, Amina Benkhadra, annonçait le lancement du plan solaire à Ouarzazate, en présence de Mohammed VI et de la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton. Fin janvier, elle était à Berlin, accompagnée du directeur général de l’Office national de l’électricité (ONE), Ali Fassi Fihri, et du président du directoire de la toute nouvelle Agence marocaine de l’énergie solaire (Masen), Mustapha Bakkoury, pour présenter les opportunités qu’offre le Maroc en matière d’énergies renouvelables. En février, c’est Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État française au Commerce extérieur, qui visitait le royaume, avantageusement escortée d’entrepreneurs spécialisés dans le solaire.

Depuis quelques mois, les autorités marocaines ne ménagent pas leurs efforts pour communiquer sur les nouvelles ambitions du Maroc et attirer, pour porter leur stratégie, les investisseurs publics et privés les plus pointus en matière de green business. Avec le lancement de la Charte nationale de l’environnement, l’organisation de la Journée mondiale de la Terre à Rabat et, surtout, le lancement du plan solaire, le royaume prouve qu’il est résolument entré dans l’ère du développement durable.

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Le Maroc a développé un large éventail de partenariats internationaux relatifs à l’environnement. Cette coopération, bilatérale ou multilatérale, permet au pays de renforcer ses capacités institutionnelles, juridiques et techniques, mais aussi de réaliser des projets pilotes dans le secteur du développement durable. Si depuis juillet dernier les décisions royales ont donné à ces partenariats une impulsion nouvelle, ils ne datent pas d’hier. Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) a par exemple financé dix-neuf projets au Maroc depuis 1993, pour un montant de 283 millions de dollars.

Un choix politique assumé

Sur le plan bilatéral, c’est sans doute la coopération avec l’Allemagne qui est la plus exemplaire. Un programme de gestion et de protection de l’environnement, dont la phase III (2010-2013) est en cours de planification, a été initié dès juillet 2002. L’Allemagne apporte un appui technique et méthodologique au secrétariat d’État à l’Environnement, et œuvre en particulier dans les domaines du renforcement institutionnel, de la mise à niveau des entreprises et de l’aménagement urbain.

Autre partenaire de poids : les États-Unis. En 2004, les deux pays ont signé une déclaration conjointe sur la coopération environnementale et, depuis, près de 25 millions de dollars ont été affectés par les États-Unis à ce chapitre phare des accords de libre-échange. En février 2010, un plan d’action 2010-2012 a par ailleurs été signé à Rabat. Celui-ci prévoit notamment un appui à l’élaboration d’un arsenal législatif de type « pollueur-payeur », ainsi qu’un volet relatif à la préservation de la biodiversité et à la conservation des espèces menacées.

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Pour s’arrimer aux standards internationaux en termes de performances environnementales, le Maroc peut aussi compter sur les investisseurs privés. Dans le domaine de l’aménagement urbain et, notamment, de la gestion des déchets, de l’eau et des transports, le Maroc a décidé de déléguer ses services publics à des opérateurs privés. C’est un choix politique assumé. Et un choix économique stratégique pour le royaume, qui bénéficie ainsi d’importants investissements en même temps que de transferts d’expertises et de technologies. Par exemple, dans le seul domaine des transports, le groupe français Veolia Environnement prévoit un investissement de 100 millions d’euros sur quinze ans.

Du nord au sud et du sud au sud

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Les Espagnols sont également très présents, en particulier dans le domaine des énergies renouvelables, dans lequel ils disposent d’une expertise reconnue mondialement. L’entreprise Isofoton a remporté en août 2009 un appel d’offres lancé par l’ONE pour mettre en place 1 000 installations photovoltaïques d’une capacité allant de 500 à 1 000 W à Errachidia, Benguerir et dans les villes d’Agadir, Essaouira, Ouarzazate et Laayoune, dans le Sud. Isofoton, dont la filiale est présente au Maroc depuis 2005, a par ailleurs réalisé de nombreux projets d’électrification rurale en partenariat avec l’ONE.

Lors d’une conférence à Casablanca, le 15 mars, Mustapha Bakkoury rappelait : « Le marché de l’énergie solaire représente un potentiel d’investissements absolument énorme pour le Maroc, et des entreprises venues du monde entier s’intéressent aujourd’hui à notre marché. » Y compris celles des grands pays émergents, comme l’Inde ou la Chine. Premier pollueur mondial, cette dernière est aussi en passe de devenir l’un des premiers investisseurs au monde dans le domaine des énergies vertes. En novembre, le ministre délégué aux Affaires économiques, Nizar Baraka, annonçait d’ailleurs avoir établi des liens avec plusieurs fonds chinois pour leur présenter les opportunités d’investissements dans le domaine du solaire.

Pionnier en matière de développement durable sur le continent africain, le royaume entend aussi initier une coopération Sud-Sud dans le ­domaine de l’environnement et des énergies renouvelables. Lors de la visite du président Ali Bongo Ondimba en mars, Amina Benkhadra a d’ailleurs signé une convention avec le ministre gabonais des Affaires étrangères, Paul Toungui, portant sur la préservation de l’environnement, ainsi que sur la coopération dans les campagnes de sensibilisation et d’éducation.

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