Cet étrange M. Zhang

Les activités du chef d’entreprise d’origine chinoise Guohua Zang, propriétaire du leader européen du contreplaqué Plysorol qui vient de déposer le bilan, paraissent bien troubles…

Manifestation contre la direction de Plysorol, devant le site de Lisieux (France), le 11 mars 2010. © Kenzo Tribouillard/AFP

Manifestation contre la direction de Plysorol, devant le site de Lisieux (France), le 11 mars 2010. © Kenzo Tribouillard/AFP

GEORGES-DOUGUELI_2024

Publié le 8 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Pour quelles raisons Guohua Zhang, chef d’entreprise d’origine chinoise, a-t-il demandé le renouvellement de sa carte de résident alors qu’il avait déjà acquis la nationalité gabonaise ? Placé en garde à vue le 25 mars à Libreville pour une « vérification d’identité et un examen de situation », il n’a été remis en liberté que quarante-huit heures plus tard. À première vue, la procédure paraît abusive. Mais l’industriel avait attiré l’attention en inversant l’ordre de ses nom et prénom sur son formulaire de demande et, confie une source proche des services de sécurité, en se présentant, selon les circonstances, comme patron de la compagnie forestière Leroy Gabon, PDG de Honest Timber ou employé d’une société de pêche !

Ses activités elles-mêmes sont entourées d’un halo de suspicion. Les douanes gabonaises lui réclament une dette de 2 milliards de F CFA (3 millions d’euros). En France, où, en avril 2009, le forestier a racheté Plysorol, le leader européen du contreplaqué, les 460 salariés répartis entre les sites d’Épernay (Champagne), Fontenay-le-Comte (Vendée) et le siège de Lisieux (Calvados), sont en grève depuis le 22 mars. Flairant un mauvais coup, ils se relaient jour et nuit devant les portes des usines pour veiller sur ce qui reste des actifs de cette entreprise en cessation de paiement. Pour eux, il n’est pas question de laisser François-Jufeng Wu, le directeur général, organiser subrepticement le transfert des contreplaqués stockés à Lisieux vers un entrepôt loué en région parisienne. Mis en demeure par l’Urssaf [l’organisme de recouvrement des ressources de la sécurité sociale], le directeur de Plysorol affirme qu’il a « payé les dettes concernant les cotisations salariales ». Mais les sommes dues à des fournisseurs et à l’État s’élèveraient à une dizaine de millions d’euros. Et le Comité central d’entreprise a annoncé son intention de porter plainte pour délit de banqueroute – c’est à dire organisation frauduleuse de la non-solvabilité de Plyrosol.

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Promesses non tenues

Alerté par la dissimulation des comptes de résultat à laquelle les dirigeants se seraient livrés, le comité d’entreprise a saisi le tribunal de commerce de Lisieux. Le 26 mars, les magistrats ont décidé de nommer un juge rapporteur pour vérifier si l’entreprise est en cessation de paiement. Dans sa décision, attendue le 30 avril, ce dernier pourrait préconiser un redressement judiciaire.

Pourtant, en avril 2009, ce même tribunal de commerce avait préféré l’offre de cet investisseur chinois venu du Gabon à celle d’un concurrent libanais basé au Ghana. M. Zhang avait alors promis d’apporter 20 millions d’euros d’investissements, jurant qu’il préserverait les emplois et rénoverait les équipements. Vaines promesses. En réalité, il n’a investi que dans des chariots élévateurs ! En revanche, depuis juillet dernier, le personnel enchaîne les périodes de chômage partiel. Au mois de septembre, des salariés en colère ont même séquestré les dirigeants.

Ces promesses non tenues, alliées au fait que la direction demande sans cesse des aides à l’État, avive les craintes des salariés, qui soupçonnent le nouvel actionnaire de n’être intéressé que par les concessions forestières de la filiale gabonaise de Plysorol. Selon Christine Hugues, responsable logistique citée par le quotidien régional Ouest France, « à la base, M. Zhang est négociant en ciment. Il en importe de Chine vers le Gabon. Il a commencé à faire du commerce de bois pour éviter que ses bateaux ne repartent à vide ».

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