La guerre des farines

Le principal site de production des GMA, dans la zone portuaire d’Abidjan. © Falonne pour J.A.

Le principal site de production des GMA, dans la zone portuaire d’Abidjan. © Falonne pour J.A.

Publié le 14 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Côte d’Ivoire : du bon usage des matières premières
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Côte d’Ivoire : du bon usage des matières premières

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L’heure du réveil des meuniers a sonné. Les Grands Moulins d’Abidjan (GMA), qui détiennent encore 90 % du marché, sont en ordre de bataille. Après quatre décennies de position monopolistique sur le marché ivoirien de la farine de blé, les GMA, filiale du groupe français Mimran, doivent désormais faire face à la concurrence agressive de trois nouveaux opérateurs : Les Moulins de Côte d’Ivoire (LMCI), dont la minoterie a été inaugurée en fanfare médiatique en juillet 2008, suivis, au premier semestre 2009, par l’arrivée des Moulins modernes de Côte d’Ivoire (MMCI) et de la Semao. « Nous n’avons pas peur de la concurrence, se rassure Félix Diouf, patron des GMA. Au contraire, notre portefeuille clients a augmenté et notre chiffre d’affaires s’est amélioré de 30 %. »

Pourtant, bel et bien bousculés par leurs nouveaux rivaux, les GMA ont été contraints de réduire de 50 % les prix de leurs produits en juillet 2009, après l’arrivée des MMCI. Le prix de la tonne de farine est passé de 350 000 F CFA en octobre 2008 à 190 000 F CFA, celui du sac variant de 9 750 F CFA pour les GMA à 9 500 F CFA pour les MMCI. Ces derniers, propriété du richissime homme d’affaires ivoiro-libanais Ibrahim Ezzedine (qui possède notamment Global Manutention de Côte d’Ivoire, GMCI), n’ont pas lésiné sur les moyens pour marcher allègrement sur les plates-bandes des Grands Moulins : recrutement de Jean-François Lafranchi, ancien patron des GMA, installation de la minoterie sur la même rue que le leader historique, capacité de production équivalente (300 000 t/an), le tout pour un investissement de 23 milliards de F CFA (35 millions d’euros).

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Les MMCI titillent donc déjà les GMA et, à peine entrés en activité, ont relégué à la troisième position Les Moulins de Côte d’Ivoire, qui appartiennent à un consortium composé de la Société ivoirienne de production animale (Sipra, leader du secteur de la volaille et de la production d’aliments pour volailles), le groupe d’assurances Colina, le ­suisse Ameropa, la Banque internationale d’Afrique de l’Ouest (Biao), les groupes Ecobank et Bank of Africa (BOA), pour un financement de 5 milliards de F CFA (7,6 millions d’euros). Dirigés par Jean-Marie Ackah, PDG de la Sipra, Les Moulins affichent une capacité de 70 000 t/an. La dernière minoterie à s’installer, Semao, propriété d’une chaîne de boulangeries, produit quant à elle 500 t/an, principalement destinées à l’approvisionnement de son réseau de boulangeries.

La consommation locale de farine de blé est estimée à 250 000 t, pour une production avoisinant désormais les 500 000 t. Pour survivre face aux GMA, qui ont réussi à sécuriser leur position de leader, les nouveaux venus visent le marché sous-régional pour écouler le surplus, et comptent bien diversifier les offres et la production. Ce qui leur sera aisément réalisable étant donné que ces nouvelles minoteries sont dotées d’infrastructures ultramodernes. 

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